La chute de la température et son agaçante amie "petite pluie fine" aurait pu doucher l’enthousiasme des festivaliers, mais force est de constater que Rock En Seine s’est offert une fin en apothéose.
C’était d’abord, le retour à Paris du duo New yorkais de MS MR et leur pop, qui non content d’explorer son propre répertoire, s’est fendu d’une reprise réussite de "Dance Yrself Clean" de LCD Soundsytem ! Et bien que l’on a pu entendre ici et là quelques errements sonores, le rendu final était à la hauteur de leur show précédant à la Maroquinerie les cheveux verts de Lizzy en prime !
Puis quitte à rester dans l’énergie (sur)positive, on a pu entendre le groupe Is Tropical balancer des notes gentillettes et souvent survitaminées, comme autant de pied de nez à la grisaille qui peuplait le ciel du Parc de Saint-Cloud.
Puis les choses sérieuses ont très vite pris des proportions dantesques. Puisque les Bloody Beetroots ont investi la grande scène pour un show qui puisait largement dans la démesure sonore. Inutile de se mentir, les BB étaient ici pour tester la résistance des tympans du public qui avaient déjà été mis à l’épreuve les jours précédents. Et quoi qu’il en soit, ce fut un spectacle fédérateur qui a conduit les fans de différents styles de musique à se secouer comme beaux diables sans distinctions.
Quant à 20h45 s’affichait sur la Scène de L’Industrie les très attendus Major Lazer, qu’était venu acclamer une foule jeune et compacte, le DJ Diplo et toute son équipe se sont fait un malin plaisir à transformer leur set en une sorte de spectacle. Confettis, déhanchement de fesses, pistolet à eaux, secouage de fesses, fumigènes, "booty shake" et interactions avec le public ont permis à Major Lazer de tenir en haleine leurs fans. Cerise sur le gâteau (enfin cela dépend vraiment pour qui…), Stromaes’est invité sur scène pour scander son dernier single "Papa Outai ?".
Ailleurs, c’était le trio écossais de CHVRCHES qui alignait ses productions électroniques, un peu cérébrales sur les bords, mais hautement addictives. Leur album à la sortie éminemment proche, intitulé The Bones Of What You Believe, présente en live quelques similitudes avec Purity Ring et c’est pour le mieux.
Véritable point focal de la journée de dimanche, System Of A Down a su conclure en toute beauté le festival. Certains iront même jusqu’à dire, avec la fierté d’un "métalleux" pur et dur, que c’était le seul show digne de ce nom (avec NIN !). Et on constatait que les années n’ont pas touché SOAD et que la même rage habite les membres sur scène. Sans même parler de leur public qui, pour un néophyte, passait pour une bande de déments échapps d’un asile retiré au fin fond de l’Europe de l’Est (le cliché du film d’horreur quoi !).
Enfin, de quoi adoucir les esprits et programmée à la dernière minute, l’anglaise V V Brown, prêtresse vêtue d’un kimono blanc (à plume !), présentait son nouvel album. Samson & Delilah, qui sortira la semaine prochaine, est une nouvelle approche de l’artiste qui quitte ses sons rétro-pop, pour un son résolument plus électronique, même la voix de la chanteuse s’avéra être modulée autrement. Paris pourra se vanter d’avoir entendu toute une collection de titres tirés de ce prochain opus, inédit et en avant-première.
En bref, ce fut un festival à la sélection éclectique, où chacun a pu à un moment ou l’autre se retrouver. On se souviendra des quatre monstres sacrés : Black Rebel Motorcycle Club, Franz Ferdinand, Nine Inch Nails et System Of A down qui, à eux seuls, justifiaient les trois journées de Rock En Seine. Sans pour autant dénigrer les myriades d’artistes qui se sont succédés sous le soleil comme sous la pluie pour nous livrer, au final, un week-end qui avait des allures de marathon musical. |