Quelques notes de piano, ambiance feutrée, hip-hop, chanson "allez j’te claque la bise’" ("Paris")… C’est avec plaisir que je vous présente Vincha, fan de rap depuis la première heure, quand il portait encore son vrai nom, qu’il avait tous ses cheveux et prenait des cours de piano. Oui, le chemin a été long, ça fait un bail qu’il compose, écrit et écume le monde pour se faire connaître et après deux EP, il sort Si si la famille, reprenant la quasi-totalité des EP, plus des inédits. Un régal.
J’ai pensé à lui avant qu’il ne le cite : Oxmo Puccino. Comme lui, il ose marier le rap et la chanson (française !), la poésie aux rudes basses hip-hoppesques. Le genre d’homme idéal qui sait ajouter du poupoupidou aux matins difficiles. Le résultat est un bien joli truc anti-misérabiliste, des rimes choisies percutantes, des refrains entêtants, des bouffées de bonheur saveur pêche.
De quoi il chante ? Du désopilant quotidien des trentenaires de la crise, de Paris, de l’amour ("C’est toi"), d’ailleurs, jetez un œil au clip kitchissime et ultra ringard avec des petits chatons trop mignons et des décors en carton… le genre de blague que font les timides. Dans les deux cas, la fille rigole (séduite ou moqueuse).
Du même humour des débuts (où il chantait ne pas aimer les beaux gosses, leurs yeux verts et leurs sourcils parfaits), Vincha consacre un titre entier comme une ode aux "P’tits seins" ("on les tient à une main, on les cache à quatre doigts"). Idem dans "Petit con" (on pensera tous à quelqu’un en écoutant ce titre).
Loin d’être désabusé, il pérennise ses bonheurs dans ses titres, avec une certaine nonchalance anti prise de tête, aussi bien pour évoquer la paternité ("Mon fils") que pour se prendre pour le gagnant de la galette ("Royal").
Communicatif, joyeux, dansant (gare à la table du salon, non, je ne m’en suis pas encore débarrassée), poétique, rythmique, drôle, ironique, frais, léger… un peu ce qu’on ressent quand on se retrouve dans une grande tablée bondée de victuailles et de vins, qu’on refait le monde, qu’on évoque le passé, qu’on rêve le futur avec les présents famille, amis, amants… hétéroclite et mélodieux. |