Si Archy Marshall est connu sous une pléiade de pseudonymes, c’est sous celui le plus connu, King Krule (le roi cruel) qu’il a sorti son premier album le 26 août dernier.
19 ans tout juste, fort d’une maturité improbable, le jeune musicien a commencé à côtoyer la notoriété dès l’année 2010, sous l’alias Zoo Kid avec le single Out Getting Ribs. Quelques temps après, il s’annonce sous le nom de scène King Krule et sort dans la foulée un EP éponyme. Très vite acclamé par la presse, on le compare à Morissey et il se voit propulser comme nouvel espoir de la darkwave.
Il faut dire que le jeune musicien, avec l’aplomb d’un ancien, se permet d’asséner quelques vérités bien senties. En tête, celle que la musique actuelle échoue souvent à exprimer de véritables sentiments. Avec de telles affirmations, il est facile d’interpréter les mots du britannique comme ceux d’un prétentieux ou d’un enfant mal dans sa peau ayant grandi trop vite.
Mais on est tout aussi vite forcé de constater que l’ambiance musicale invoqué par KK est pétrie dans un romantisme bienvenu. Nostalgique à ses heures, ses productions empruntent bien souvent le même schéma : une ambiance low-fi évanescente, une légère ligne de piano ou de guitare et parfois, une batterie offrant une impulsion digne d’un beat hip-hop. Bref, tout un savant mélange des sonorités présentes dans la scène britannique actuelle, entre pop, punk, dub et rap.
Ce qui habille les compositions plus qu’aucun autre instrument, c’est bien évidemment la voix du jeune crooner. Sous ses dehors de Ron Weasley se cache une voix puissante, changée d’un vibrato d’exception et d’une profondeur surprenante. Un organe inattendu, tour à tour blasé, énervé, enfiévré ou passionné capable de surprendre l’oreille la plus entraînée. C’est qu’Archy trouve dans celle-ci un exutoire dans lesquelles il déverse les maux de notre société, son mal-être, mais aussi la ville de Londres dans son ensemble.
Depuis son accent Cockney jusqu’aux banlieues métissées, en passant par ses amis pour qui il produit, quand ils ne font pas des cameo dans ses clip vidéos. C’est en fait toute une sensibilité vis-à-vis de sa ville natale qui se dessine comme fresque sous-entendu de l’album. Ce n’est d’ailleurs pas sans raisons que la mise en ligne de celui-ci, sur son propre site internet, permettait entres autres d’observer Londres à travers des caméras de sécurités disséminés dans ses rues (la CCTV devient alors la KKTV).
L’album 6 Feet Beneath The Moon n’est pas tant le journal d’un jeune adulte mal dans sa peau que le témoignage cru d’une société en demi-teinte. De fait, l’opus deviendra sans aucune difficulté la bande originale de vos errements noctambules en ville.
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