Robert Littell est "vendu" comme un maître du roman d’espionnage à l’américaine. Je ne sais pas trop ce qui fait qu’un roman d’espionnage se retrouve au rayon "à l’américaine", peut-être que les personnages sont racistes et astiquent leur Beretta de compagnie à l’heure où j’ouvre les boites de pâté pour mon chat. Bon, en fait, ce qui distingue ces romans d’espionnages des autres serait une critique de la société… Mouais.
Robert Littell a un peu moins de quinze romans à son actif, traitant majoritairement de la guerre froide, du KGB, de la CIA. Il a également collaboré à la série The Company. Et Jonathan Littell est son fils. Je le nomme car c’est le gars qui a eu la nationalité française pour "contribution au rayonnement de la France", suite au Goncourt gagné avec Les bienveillantes (comme s’il fallait être fier d’être primé pour avoir écrit une horreur pareille) et non, je n’espère pas gagner un jour ce prix (seuls les histoires troubles ou glauques semblent y avoir leur place).
Bref, c’est le Le cercle Octobre qui nous intéresse présentement. Pour peu que vous trouviez la narration intéressante, je veux dire. Personnellement (et heureusement que je n’attends pas d’éloge de Bob Littell), je me suis ennuyée pendant la lecture.
D’abord, un nombre incalculable de personnages, sans sommaire portrait descriptif pour les identifier au-delà d’un pseudonyme lancé au travers des lignes. Donc pas facile de s’y retrouver. Ensuite, un contexte pas clairement défini (non, je ne lis pas toujours la quatrième de couverture quand je commence un roman). Enfin, des dialogues sans queue ni tête, sautant d’un sujet à l’autre, d’une moquerie à un ton sérieux, d’une clope à une salade sans transition, comme on balancerait du crépis sur quelques parpaings.
Et pourtant, un fil qui mérite qu’on se penche sur ce chapitre de l’Histoire qui changea le monde. C’est à Sofia (capitale de la Bulgarie, charmant pays des Balkans coincé entre la Grèce, la Roumanie, la Serbie et pas loin du Kosovo et de la Turquie) que commencent les discussions d’un groupe d’amis utopistes s’auto proclamant ‘’le cercle octobre’’. Une insouciante bande de joyeux communistes.
Il me manquait les clés du Printemps de Prague pour cerner le sujet. En janvier 1968, Dubcek arrive à la tête de la République socialiste tchécoslovaque, et en bon coco qui se respecte, introduit le socialisme à "visage humain", c’est-à-dire qu’il décentralise l’économie, introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation, pour la plus grande joie de ses concitoyens. Mais la blague n’est pas du goût des Russes qui rappliquent et remettent un peu de répression dans tout ça, à grand coup d’arrestations, de tortures et d’emprisonnements (vu que la primordiale occupation n’a déclenché que des manifestations non-violentes).
En lisant le roman, nous sommes en fait plongés au cœur de la Bulgarie de 1968, où chacun des membres du Cercle Octobre réagit à sa manière face aux changements. Mon erreur a été de prendre Robert Littell pour un historien, ce qu’il n’est pas. En tant qu’auteur de best-sellers d’espionnage, sa plume l’a mené sur son terrain : les enchaînements rapides et le discours haletant au service des évènements dans les Balkans de l’année 68.
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