Après le superbe
concert de Woven Hand à l'Européen,
David Eugene Edwards nous a accordé
une interview exclusive.
Commences-tu généralement avec “Outlaw
song” ?
David Eugene Edwards : Sur cette tournée,
oui, la plupart du temps.
Lors de la publication de “Blush”en
2003, tu as tourné avec un groupe. Maintenant tu es presque
seul sur scène. Peut-on dire que Woven Hand est définitivement
ton projet solo ?
David Eugene Edwards : Parfois je joue avec
un groupe, avec une, trois ou quatre autres personnes. Il m’arrive
également d’être seul sur scène. C’est
ce qui s’est passé il y a quelques semaines à
Bruges (ndr : le 4 Novembre au festival ‘Music in Mind’).
Cela dépend du temps dont je dispose pour préparer
la tournée et de la disponibilités des musiciens avec
qui je joue. En tous cas, tout ce que je réalise sous le
nom WOVEN HAND est mon projet personnel, et ce depuis le début.
Comment as-tu choisi le nom Woven Hand ? Définis-tu
ton travail comme celui d’un artisan ?
David Eugene Edwards : Franchement, je ne
rappelle plus exactement. J’ai trouvé ce nom il y a
longtemps et je l’ai noté sur un papier. Après
je l’ai oublié. Puis je l’ai utilisé pour
une chanson (ndr : “Wooden brothers” sur “Woven
Hand”). Et puis c’est le titre
du premier album. J’ai décidé de l’utiliser
comme nom de projet et c’est un bon choix. Artisan ?
Je voulais dire : fait main
David Eugene Edwards : Oui. Mais tout ce que je
réalise est “fait main”.
D’où tires-tu ton inspiration pour
Woven Hand ?
David Eugene Edwards : C’est la même
que pour 16 horsepower : mes influences sont identiques lorsque
j’écris pour Woven Hand ou pour 16 horsepower. Et elles
n’ont pas changé. Ce qui m’inspire avant tout,
c’est la peinture. J’apprécie celle des artistes
des XIXème et XXéme siècles. J’aime en
particulier quelqu’un qui s’appelait Bloch. Est-ce que
tu connais Martin Bloch ?
Non.
David Eugene Edwards : C’est un peintre
allemand qui a vécu en Angleterre entre le milieu du XIXème
et XXéme siècle. Je m’inspire également
de la littérature, russe en particulier : Dostoïevski,
Tolstoï. Ou Franz Kafka. Les classiques américains également
Je pense également à Bruno Ganz ( ndr : je
ne suis pas certain que David fasse référence au Bruno
Ganz qui a joué pour Werner Herzog et Wim Wenders ). En
fait, tout ce qui m’arrive dans la vie courante à une
influence sur moi quand j’écris.
Même avec 16 horsepower, ta musique est
mystique. Mais ce n’est pas le cas des textes. Sur Consider
the birds, c’est la première fois que tu utilises très
ouvertement et à de nombreuses reprises (quasiment tous les
morceaux) des mots ou des thèmes à connotation spirituelle
ou religieuse. Pourquoi ?
David Eugene Edwards : Parce que ces sujets occupent
une place importante dans ma vie. Je pense que c’est tout
à fait normal d’en parler. C’est très
important pour moi.
Depuis Folklore tout ce que tu fais paraît
plus personnel, plus intime.
David Eugene Edwards : C’est juste. Avant
d’enregistrer Folklore, 16 horsepower a fait un break parce
que nous avions beaucoup tourné. Jean-Yves possède
un ranch et Pascal élève des chevaux. Ces jobs prennent
du temps : ils travaillent vraiment dur. De mon côté,
je n’ai pas d’autre occupation. Je fais juste de la
musique et des concerts.
Du coup, je travaille ma musique et j’écris
des textes. C’est pourquoi mes chansons sont plus personnelles
depuis Folklore. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai
commencé Woven Hand. J’écris beaucoup de chansons
mais 16 horsepower n’a pas le temps de les enregistrer. Cependant
je pense que 16 horsepower devrait enregistrer en février-
mars de l’année prochaine. En tous cas, je l’espère.
Sur Consider the birds, “Chest of drawers”
est plutôt étrange. Tu parles des “trois d’entre
nous qui sont assoupis ”, qui sont-ils ?
David Eugene Edwards : (avec un sourire ) Qu’est-ce
que tu veux dire par là ?
Eh bien, peut-être que les trois sont les
membres de 16 horsepower. Après tu parles de la “force
de 16 chevaux”…
David Eugene Edwards : Non. C’est à
propos de ma vie, d’une période particulière
de ma vie. Les "trois d’entre nous" sont moi, ma
femme et ma fille. Il ne s’agit absolument pas des membres
de 16 horsepower.
Ne ressens-tu pas un contraste entre tes textes
et ta musique ? Je pense à “to make a ring” ou
à “Oil on panel” par exemple ?
David Eugene Edwards : Oui, je ressens ce contraste.
Beaucoup de mes chansons le possède. Ce contraste tu le trouves
dans la vie de tous les jours : de bonnes choses peuvent être
engendrées par des mauvaises. Et vice-versa. C’est
exactement ce que je ressens quand j’écris des chansons.
La religion a-t-elle une influence sur ta vie
?
David Eugene Edwards : La religion influence tout
ce que je fais. Ma relation avec Dieu guide ma vie. Mes relations
avec ma femme, mes amis ou n’importe qui, tout ce que je fais
dépend de ma relation avec Dieu.
“Down in yon forest” est encore une
reprise d’un morceau traditionnel. Comment choisis-tu tes
reprises ?
David Eugene Edwards : Il n’y a pas
de façon particulière. Quand j’aime la chanson
et les paroles, je travaille dessus. “Down in yon forest”
est une très vielle chanson, écrite il y a 200 ou
300 ans (ndr : la première apparition de la chanson
date de1862 dans un recueil anglais. Il y a plusieurs versions,
celle de Woven Hand version est proche de celle de Derbyshire, mais
n’est pas encore exactement identique). Les
paroles sont très belles, en vieil anglais. J’aime
ce type de chanson.
Le dernier titre est spécial…
David Eugene Edwards : Oui, c’est une prière.
Es-tu d’accord si je te dis que certaines
de tes chansons (avec Woven Hand ou le Horsepower) sont des “chansons
pour danser”, comme sur la vidéo de “Clogger”
?
David Eugene Edwards : (Amusé) Durant les
concerts, je vois certaines personnes qui dansent. D’autres,
par contre, ne bouge pas même un petit doigt. Cela dépend
des gens. Même si ce que je joue n’est pas de la dance
music, j’apprécie de voir les spectateurs danser.
Aimes-tu les tournées et les concerts
?
David Eugene Edwards : Les tournées, hum…
Non pas vraiment. Mais j’aime jouer live : je veux voir la
réaction des gens à l’écoute des chansons.
Quel retiens-tu de ta collaboration avec Ultima
Vez pour “Blush” et des performances sur scène
avec eux ?
David Eugene Edwards : La collaboration avec Wim
Vandekeybus et Ultima Vez a vraiment été agréable.
Nous avons joué live huit ou neuf fois avec eux. Cela fut
un travail complètement différent pour moi, je n’avais
pas l’habitude de jouer en concert de cette façon :
là je devais regarder les danseurs et faire attention à
ce qu’ils faisaient. Quand ils ralentissaient, je devaient
jouer plus lentement et quand ils accéléraient, je
devais en faire de même. J’aime jouer avec eux. Toutes
les performances avec Ultima Vez ont été fantastiques.
Les dernières représentations de Blush auront lieu
au début de l’année 2005 à Bruxelles
et Barcelone.
Peux-tu résumer Woven Hand en trois mots
?
David Eugene Edwards : (Après un certain
temps) Hum… Problème, problème, problème.
Je n’ai pas osé lui demander pourquoi.
Je vous laisse deviner.
Merci à David pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Merci à Sean @ Talitres.
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