Comédie dramatique de François Bégaudeau, mise en scène de Mélanie Mary, avec Mélanie Mary, François Nambot et Alexis Molenat.
"Un deux, un deux" - comme ces tests qu'on fait toujours dans les micros en espérant que le public vous entend bien - c'est d'abord un dialogue destiné à être entendu, celui de Mélanie Mary et de François Bégaudeau, une écriture à deux mains, ludique et empreinte de sincérité sur le thème universel et si particulier de l'amour.
Et si on jouait à s'aimer devant plein de gens? On aurait qu'à dire que je suis Lui et que tu es Elle, et on ferait comme tous les couples qui s'aiment. D'abord on pourrait se voir un jour. Tu me plairais et j'aurais envie de t'embrasser. On se dirait qu'on s'aime et on habiterait ensemble. Et puis on se dirait qu'on fait moins de chose, on demanderait à l'autre si il nous aime encore avant l'inévitable: "Faut qu'on parle !".
Enfantins et philosophes, les personnages de Elle et Lui traversent leur histoire d'amour comme un parcours initiatique en neufs étapes, universellement emprunté et pourtant chaque fois différent, qu'ils investissent tels des enfants: pleinement, comme si c'était la première, mais aussi la dernière fois.
Sur une scène vide, délimitée au sol par un marquage blanc rectangulaire et fermé représentant l'intimité du couple, ils sont deux comédiens (Mélanie Mary et François Nambot) "dedans" et un guitariste (Alexis Molenat) toujours "dehors" à réinventer le quotidien amoureux avec beaucoup d'humour et de tendresse.
La mise en scène sobre, qui fait la part belle au texte, est émaillée de trouvailles ingénieuses qui permettent aux spectateurs de ne pas se laisser décrocher par le flot de paroles qui leur arrive en permanence et d'être ainsi toujours eux aussi "dedans".
Mélanie Mary et François Nambot font preuve d'une grande sincérité de jeu et d'une tendre et rafraichissante complicité pour livrer avec beaucoup de justesse et d'impudique sincérité un texte, qui permet à chacun de s'identifier et d'y calquer sa propre histoire.
En amour, comme au théâtre, il suffit donc d'être deux et de se parler, avec un début, un milieu et une fin, et de jouer indéfiniment pour tromper la peur, se croire invincible et éternel. Une histoire qui n'est pourtant jamais ni toute à fait la même, ni tout à fait une autre.
Un bon moment de théâtre |