J’imagine la tête des patrons de Columbia et de Sony quand ils ont écouté pour la première fois ce nouveau disque de MGMT. J’imagine surtout la tête de tous ceux qui auront précommandé ce MGMT sur la foi du nom du groupe et de ces deux, plutôt bons, précédents albums. Pourtant, le titre "Alien Days" sorti pour le Record Store Day avait déjà éclairé de nombreuses lanternes, montrant que MGMT avait décidé de creuser la voie empruntée par un Congratulations bien plus intelligemment pop que ce que l’on avait voulu nous faire croire. Moins de tubes et une certaine radicalité psyché-pop.
Malheureusement, le titre est à l’image de l’ensemble du disque, cristallisant tout ses innombrables défauts. On annonçait un brouillard psychédélique et un dédale musical. En fait, il n’en est absolument rien. Ce MGMT est une coquille vide ne possédant aucun véritable intérêt ni mélodique, ni rythmique et encore moins harmonique (un siècle après la seconde école Viennoise, tout cela parait bien anodin). On annonce des formes éclatées, des rythmiques déconcertantes. C'est faire injure à tout ceux qui, de Zappa et ses Mothers of Invention à Robert Fripp en passant par Eno, Soft Machine ou Captain Beefheart pour ne citer qu’eux, œuvrèrent pour faire exploser les formes et surtout en créer de nouvelles.
La production bodybuildée (le groupe a semble-t-il passé énormément de temps en studio) et sans aucune surprise de Dave Fridmann (qui était bien plus inspiré à l’époque du Deserter’s Songs de Mercury Rev ou du Soft Bulletin des Flaming Lips, mais ça c’était avant…) ne cache en rien la triste pauvreté des compositions. Pire en appuyant et en multipliant les effets de style redondant, il ne fait que révéler la cruelle vérité : la soit-disant folie psychédélique est le fruit d’artifices et non d’un pur travail de composition.
Si l’on peut saluer la position de refus du hit radio, et des paroles sombres mais assez malines, il en faudra beaucoup plus pour provoquer un quelconque début de frémissement d’intérêt. Un bel écran de fumée (même pas rose) et beaucoup de bruit pour rien.
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