Comédie dramatique de Sébastien Thiéry, mise en scène de Jean-Michel Ribes, avec Grégoire Bonnet, Diouc Koma, Camille Rutherford, Isabelle Sadoyan et Sébastien Thiéry.
"L'Origine du monde", référence au fameux tableau de Courbet, constitue un opus singulier, à l'argument certes irréaliste, mais original sur le concept psychanalytique du "tuer la mère" conjugué au masculin - un quadragénaire sujet d'une énigme médicale, il vit toujours alors qu'il est en état de mort cardiaque, est sommé par un marabout de lui apporter la photographie salvatrice du sexe de sa mère - et au dénouement inattendu.
Mais, au registre du théâtre psychologique, son auteur, Sébastien Thiéry, préfère celui du comique de situation appuyé du café-théâtre et focalise donc sa partition sur l'aspect trivial de la mise en oeuvre pour duper la mère octogénaire afin de lui extorquer de gré ou de force ladite photo.
D'où une forte connotation de farce potache éclipsant la potentielle parabole noire qu'accentue la mise en scène de Jean-Michel Ribes qui aime céder à la tentation de choquer les petits bourgeois et dérider les culs-serrés. Mais aucune certitude quant à la vertu cathartique de ce parti-pris, ni même de son pouvoir pour leur chatouiller les zygomatiques.
En l'absence de psychologie, les personnages manquent d'épaisseur et il faut des comédiens ayant du métier pour habiter des coquilles creuses nonobstant des dialogues dont l'humour n'est pas forcément fédérateur.
Diouc Koma fait un numéro d'acteur dilettante en pseudo marabout, Sébastien Thiery flotte atone dans le rôle du "mort-vivant" pendant que Camille Rutherford vocifére dans celui dispensable de l'épouse "bobio" hystérique.
Et puis, deux moments d'exception, un régal jubilatoire, deux scènes en duo, entre Grégoire Bonnet, comédien tombé dans la marmite de l'humour déjanté des Monty Python, en ami redevable chargé de la "basse" besogne, et Isabelle Sadoyan, grande dame du théâtre, époustouflante en vieille dame (indigne) effarouchée maniant avec perversité la fausse naïveté.
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