Comédie dramatique de Carine Lacroix, mise en scène de Mathilde Anquez, avec Laura Bélorgey, Matthieu Rochereau, Hugo Melzassard et Mathilde Anquez.
Une station service désaffectée. Violette échoue là, en panne de mobylette. Elle y fait la connaissance d'Hirip qui vit dans le monde qu'elle s'est fabriqué.
Une rencontre de deux jeunes filles au sortir de l'adolescence, de milieux et de caractère différents qui finiront par se découvrir plus proches qu'elles ne le pensaient et se lier d'amitié, le point de départ de la pièce n'est pas inédit et fait penser notamment à "Une nuit au poste" la belle pièce d'Eric Rouquette où les deux protagonistes en garde à vue apprenaient à se connaître et à se comprendre.
Les deux pièces ont en commun d'évoquer le malaise de la jeunesse. Le texte de Carine Lacroix, s'il contient la même justesse dans les dialogues et offre deux personnages tout aussi forts, confère à cette histoire un côté poétique qui nous emporte ailleurs, que la mise en scène restitue avec brio et que les deux comédiennes, avec une belle complémentarité, portent fiévreusement.
Hirip est aussi vive et enjouée que Violette est taciturne et belliqueuse. Mathilde Anquez est touchante en Hirip qu'elle compose avec cohérence. Laura Bélorgey n'est pas en reste avec une belle évolution intérieure et un jeu nerveux qui montre bien la révolte de son personnage.
Dans des rôles plus courts, Hugo Melzassard et Matthieu Rochereau complètent la distribution avec ardeur. L'un, le narrateur dynamisant la rencontre des deux filles ; l'autre, le livreur de pizza, apportant avec lui le danger venu du monde du dehors.
La mise en scène de Mathilde Anquez (bien servie par les décors d'Agathe Ougier et les costumes de Florian Lemay) crée de façon très réussie une ambiance hors du temps. L'envie de transmettre ce texte et de défendre ces personnages est là.
Il ne manque plus grand-chose (un peu de rythme notamment mais que le Collectif Taxiphone devrait trouver au fil des représentations) pour que ce drame urbain décolle et brûle complètement les planches. Ils le méritent. |