Au moment où j'écris cette chronique, Julianna Barwick a récemment annoncé qu'une partie de sa tournée était annulée. Non pas pour des raisons de santé ou de mauvaise billetterie mais parce que, annonce-t-elle avec une certaine fierté qui pourrait bien décontenancer ses fans malheureux qui subissent cette annulation, qu'elle va finalement tourner en première partie de Sigur Ròs aux Etats-Unis d'Amérique. Si on ajoute à cela que la demoiselle est allée enregistrer son disque en Islande et qu'il est produit par Alex Somers, également derrière Sigur Ròs, on peut dire que Barwick a de la suite dans les idées et sans doute une vraie affectation pour les islandais. Longue introduction j'en conviens mais elle pourrait quasiment suffire à décrire ce Nepenthe. 100% dans l'esprit islandais.

A l'écoute de Nepenthe, on a le sentiment double de bien-être à l'écoute d'une musique belle et contemplative et aussi de s'ennuyer un peu sur la longueur tant les morceaux semblent n'en faire qu'un sans réel rythme, voire sans réelle note, les instruments étant utilisés ici en nappes étalées délicatement les unes sur les autres. "Forever" fait une légère exception puisqu'un chant fait son apparition et donne un fort accent Sigur Ròs-ien au titre. Morceau qui apporte une cassure bienvenue à cette musique parfaite pour regarder la pluie tomber, illustrer un reportage sur un volcan ou alors une course au ralenti peut-être.

Blague mise à part, c'est quand même la sensation d'écouter quelques chose de très beau qui domine même si parfois on aurait aimé que ça décolle un peu comme sait le faire Sigur Ròs. Au lieu de cela, les moments où ces nappes éthérées cèdent un peu de place à autre chose, il s'agit de passages encore plus planants (mais toujours très beaux) comme sur "Crystal lake" et son piano un peu bancal accompagnant un chant qui n'aurait rien à envier à celui des sirènes de ce cher Ulysse.

Sorte de Cocteau Twins sous calmant ou de Sigur Ròs qui aurait perdu ses guitares, Nepenthe est un bien joli disque. Un disque d'automne. Ça tombe bien.