Il y a des gars qui sont un univers à eux-seuls, Daughn Gibson en est un justement et ce n'est pas son origine américaine et ses chemises à carreaux qui le bénient à tout jamais d'une country/folk traditionnelle et tenace.
Après plusieurs expériences, notamment en en tant que routier mais également batteur au sein d'un groupe qui a connu sa petite heure de gloire Pearl & Brass, Daughn Gibson se lance en 2012 en solo et nous présente déjà son deuxième album Me Moan.
Le style qui décrit précisément la musique de Daughn Gibson est Daughn Gibson lui-même. Non pas qu'il ait créé un style à proprement parler, mais que seule sa personnalité décrit au mieux sa musique.
Sur fond de noir et blanc et une nuance de romantisme ténébreux, le décor sonore de Daughn Gibson s'établit rapidement entre crooner chic à la Chris Isaak et au grain de voix similaire à James Hetfield de Metallica. La base rythmique accablant son tempo aux allures presque militaires s'habille d'un instrumentation très recherchée puisant dans plusieurs instruments avec notamment une guitare remarquable et très organique ou bien un piano subtil et sophistiqué, mais également dans l'électro pour quelques nappes d'ambient.
La première écoute ne transporte pas forcément immédiatement mais quelque chose titille et ne laisse pas indifférent. A la suite de la découverte de Me Moan, certains passages, riffs ou atmosphères interpellent et l'auditeur se retrouve soudain plongé dans l'intimité de Daughn Gibson. C'est ce qui est marquant sur cet album et plus généralement sur la musique de Daughn, se plonger dans son univers musical ne laisse pas insensible, qu'on aime ou pas, on est happé à l'intérieur d'une bulle aux reflets sombres et on maintient alors l'écoute ne serait-ce que par la curiosité de cet étrange phénomène.
Ainsi vont et viennent les différentes atmosphères si bien illustrées par Daughn Gibson, encore une fois ces ambiances nous imprègnent instantanément de leur sombre histoire. Une présence semble perceptible tant "Phantom Rider" inquiète par l'insistance délicate de sons nébuleux, Daughn va même jusqu'à insérer de la cornemuse sur "Mad Ocean" comme pour envoûter ce titre d'un enchantement iodé.
Toujours très bien orchestré, c'est sur "You Don't Fade" que se dévoile toute une recherche instrumentale des plus prenantes.
En vertu d'une essence mystique, l'univers musical de Daughn Gibson nous transpose intégralement dans son esprit occulte et intriguant à travers différentes références à la musique américaine en parlant du blues, de la country et de la folk en songwriter ténébreux, à proscrire pour tous curieux de musiques originales et authentiques.
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