Comédie dramatique adaptée du roman éponyme de Thomas Bernhard, mise en scène de Krystian Lupa, avec John Arnold, Thierry Bosc, Valérie Dréville, Jean-Charles Dumay, Pierre-François Garel, Lola Riccaboni, Mélodie Richard, Matthieu Sampeur, Anne Sée et Grégoire Tachnakian.
Le metteur en scène polonais Krystian Lupa propose avec "Perturbation" une libre adaptation du roman éponyme de l'écrivain et auteur dramatique autrichien Thomas Bernhard qui ne manquera pas - et pour le moins - de dérouter le spectateur.
En effet, les premières scènes laissent accroire à une fusion réussie du cinéma et du théâtre. En effet, alors que les scènes de théâtre sont parasitées par des images vidéo diffusant des scènes filmées, jusqu'à présent, dans aucune salle de cinéma la projection d'un film est régulièrement arrêtée pour laisser place au jeu en direct live de certains plans par les acteurs.
Ici, le déroulement du film est interrompu par les scènes interprétées avec quasiment le jeu des acteurs de cinéma de Jean-Charles Dumay et Matthieu Sampeur. Ce à quoi l'oeuvre de Thomas Bernhard peut se prêter s'agissant d'un roman en forme de road-movie médical et d'éducation "mentale" dans lequel un jeune homme accompagne son père médecin de campagne dans une tournée de malades graves dont le point commun est un exil intérieur dû à un enfermement psychotique.
Mais très vite, et pour une durée de quatre heures trente, le spectacle prend une toute autre dimension et donne à voir ce qui est le sens profond de l'engagement dans le théâtre de son maître d'oeuvre et qui n'est pas de faire du théâtre pour le public mais du théâtre de comédiens pour les comédiens qui sont sur le plateau.
Et en l'occurrence, ainsi qu'il l'indique précisément, à fins d'explorer "le phénomène de l’incarnation théâtrale de l’imagination [qui] peut adopter ce pouvoir créatif du monologue de Bernhard, en le transformant en sa propre réalité intérieure”.
Au passage, Anne Sée et Valérie Dréville rivalisent dans le pathos au naturalisme hermétique comme la jeune génération féminine, Lola Riccaboni et Mélodie Richard, dans l'éthéré et Thierry Bosc amuse avec son numéro d'acteur dans le rôle du prince illuminé.
Dès lors, le spectateur qui n'est pas un spécialiste de la métempsychose du personnage cherche désespérément un sens à ce qu'il voit, quand il peut voir car ce qui se passe dans les scènes amovibles en forme de boîtes triangulaires complètement déportées à jardin ou à cour et pointant au milieu du plateau sont invisibles des spectateurs des rangées latérales opposées, et à ce qu'il peut entendre, quand les paroles sont audibles au delà des premiers rangs.
De surcroît, le spectacle d'une durée de quatre heures trente se déroule à un rythme d'une extrême lenteur qui démultiplie la sensation de longueur et entraîne une sensation de léthargie. Ce qui a fonctionné sur "La cité du rêve" en raison de la thématique échoue en l'espèce. |