Du temps a passé et Verone a effectué une lente mue entre Retour au Zoo en 2005, La fiancée du Crocodile en 2010 et ce La Percée. Une évolution, une remise en cause qui semble d’un incroyable naturel comme un lent mouvement de l’électro à ce disque folk pour le moins épuré. Car ce qu’y fait l’essence même du groupe, sa colonne vertébrale : les textes restent d’une extravagante poésie.
On entre dans ce disque, sur la pointe des pieds, non sans un certain respect, avec le sentiment que quelque chose va ici se jouer. Peut-être est-ce la simplicité de quelques accords de guitare, d’une musique souvent empreinte de spleen… Et puis il y a la voix de Fabien Guidollet, cette voix grave aux accents acides. Et donc ces textes, cette poésie de l’intime. On retrouve cette humour pince-sans-rire, ces paroles au cordeau, sombres déjà présents dans la Fiancée du Crocodile.
Des textes qui disent souvent sur un ton plein d’ironie et d’humour (les jeux de mots de "Fêlée mon Gars ta coque", "Fish pédicure", "Quand même"), des choses très dures sur la vie ("La percée"), la difficulté de vieillir ensemble (l’ironie mordante entre mélodie sucrée et paroles méchamment salées de "Vieille Peau"), la mort, les voyages ("Izenah", surnom de l’île aux Moines, endroit où a été enregistré ce disque). La musique vient, elle, tisser délicatement entre guitare, pianos, banjos, scie… (Sammy Decoster vient donner un coup de main) une dentelle le long de ces paroles, point d’aboutissement de l’interprétation. Ce La Percée est un disque singulier, sur le fil des émotions, un voyage en terre poétique. |