Comédie de Serge Valletti, mise en scène de Jacques Decombe, avec Didier Constant et Maxime Lombard.
Deux hommes, dont l’un est alité, la tête enrubannée et en pyjama, semblent cohabiter. Mais quels sont leurs rapports ? Sont-ils amis, frères ou patron et employé ?
Chaque échange entre les deux, aussi excessifs l’un que l’autre, avec leur accent méridional et leur faconde est un spectacle.
L’un, le blessé (ou prétendu tel) est râleur, colérique et sujet à de fréquents accès de frénésie. Quant à l’autre, gentil et naïf, il n’en demeure pas moins susceptible et se moque parfois allégrement des défauts de son compère.
En petites scénettes enlevées, Serge Valletti avec "Carton plein" raconte dans un texte teinté d’absurde le face à face journalier de Nathanaël et Nicolas dans une maison du sud de la France.
Il dépeint avec sa verve habituelle la relation entre ces deux grands enfants pour qui chaque action courante donne lieu à des querelles infinies où chacun use de mauvaise foi. L’emballage d’un carton pour ces deux là peut vite prendre des proportions inattendues, non loin de la quatrième dimension.
Il y a du Molière dans ce duo, du Pagnol ou du Tchekhov aussi, tant chaque échange entre eux est savoureux et grandiose. Et puis, dans ce quotidien banal où l’on ne sait ni ce qu’ils sont, ni ce qu’ils font, on aperçoit même la trace de Beckett.
Très complémentaires, Didier Constant (Nicolas, l’ahuri) et Maxime Lombard (Nathanaël, l’irascible) bien dirigés par Jacques Decombe, interprètent avec humanité et talent le duo cocasse et attachant de ces deux faux-frères fantasques et exubérants qui, même s’ils ne cessent de se disputer, ne peuvent au fond se passer l’un de l’autre.
Un moment original et touchant.
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