Fragments du texte éponyme de Patrice Chéreau dits par Philippe Calvario.
Il vient de mourir. Philippe Calvario le fait revivre, au travers de ses mots.
Patrice Chéreau a marqué le théâtre du dernier demi-siècle comme Copeau, Dullin ou Vilar en son temps. Qui était-il ? "L’Homme blessé" ? Le metteur en scène de sa solitude ? Le chercheur de mots ? L’amoureux vertigineux ?
"Nous restons l’un et l’autre comme étrangers, donc proches."
A la terrasse d’un café, face à des feuillets qu’il abandonne pour observer le sillage d’un être gracieux, l’homme imagine, conçoit, revit les douleurs de son enfance magnifiées par les succès de sa vie adulte. Est-il à Paris, à Milan, à New York ? Il est avec lui-même, face à son abîme diamanté, à sa grotte à souvenirs, nulle part et toujours en lui-même.
Le jeu bouleversant de Philippe Calverio nous entraîne dans les nuits d’insomnie, la recherche du corps lâche de celui qui se dérobe toujours pour ne pas avoir à admirer.
Dans "Les Visages et les Corps", Chéreau pleure ses "fantômes", les décimés de la Grande maladie, les talents fauchés par cette Grande guerre virale : leur linceul bouge, il les détaille. Cette vie offerte se déroule sous nos yeux. Chérea
Chéreau parle de l’Autre, ce fuyard, comme d’une tragédie à monter et à dépasser. Il nous manque. On découvre le catholique intense, le frère désespéré, l’enfant buté et opiniâtre. On sonde sa profondeur d’homme.
Triomphe, ce moment de vérité s’impose et marque au fer. |