Monologue dramatique écrit et dit par Laurence Masliah dans une mise en scène de Patrick Haggiag.
Avec la collaboration de Marina Tomé, Laurence Masliah a écrit un monologue autofictionnel qui donne la parole à une vieille dame volubile et empathique qui, sur sollicitation de sa petite-fille comédienne, délivre par bribes désordonnées, au gré de souvenirs qui se délitent sous les coups de boutoir de la maladie de la mémoire, des fragments d'une vie qu'elle qualifie de "chanceuse".
Car, à la fin des années 1930, adolescente, cheftaine dans le mouvement de scoutisme d'éducation juive et citoyenne des Eclaireurs Israélites de France en colonie de vacances dans le Tarn-et-Garonne, elle a été une des enfants de la Maison des enfants de Moissac qui ont été sauvés de la déportation par Shatta et Bouli Simon et tous ceux, les "justes" restés anonymes, qui ont participé localement à la résistance civile.
Malgré la précarité de leur situation, le danger constant et la séparation douloureuse de leur famille que tous ne retrouveront pas après la fin de la Shoah, ces enfants ont connu la joie qui emplit et structure la conscience, ainsi la solidarité de la famille de coeur et le sens du partage, ce dont Laurence Masliah veut également porter témoignage.
Sous la direction de Patrick Haggiag, qui a également conçu le décor qui évoque l'univers cafouilleux de l'alerte nonégénaire, Laurence Masliah, dans le registre du sensible et de l'émotion, livre un beau portrait de femme portée par l'amour de la vie.
Dans cet opus intitulé "J'ai de la chance", avec cette figure passionnée de couture, chantre de la laine polaire et collectionneuse de ciseaux, amoureuse des mots et laudatrice intraitable de la langue française classique et, comme préscience d'une mémoire qui flanche, maniaque des listes et des carnets de notes. elle aborde également les thématiques universelles de la piété filiale, de la transmission de l'histoire familiale et du devoir de mémoire. |