Monologue dramatique écrit et mis en scène par Amine Adjina, interprété par Emilie Prévosteau.
Avec "Sur Prise", monologue "librement inspiré de la vie et de la mort de Marilyn Monroe", Amine Adjina livre un opus fictif personnel par lequel il veut questionner le mythe Marilyn sous l'angle spécifique de l’acteur, indiquant que Marilyn Monroe est un concept.
La partition qu'il a écrite et qu'il met en scène de manière frontale, en adresse au public - le cublic spectateur et voyeur dont l'acteur cherche la reconnaissance en s'offrant à son regard qui devient son miroir - aborde principalement la question de l'image, du corps et du rapport aussi singulier qu'ambigu entre l'acteur et le public.
Ainsi montre-t-il une Norma Jean qui a joué au démiurge avec elle-même en façonnant son personnage de blonde, celle qui ose et décimera le blockbuster des brunes, pour devenir l'ange blanc de Hollywood, en travaillant son corps, instrument de l'acteur, qu'elle a tellement magnifié en blonde sexy qu'il devient son ennemi en l'empêchant d'accéder aux rôles du répertoire.
Un jeu dangereux qui la rend prisonnière de son double, un masque qui lui colle à la peau et qui finira par la tuer, comme de ses rôles pour en faire "une poupée russe américaine" qui empile les personnages qui vont étouffer la petite fille descendante d'une lignée de femmes atteinte de démence inexorablement seule qui veut être aimée à tout prix.
Sur le plateau, quelques éléments emblématiques, un lit, une baignoire, un imperméable clair, une perruque blonde, et la mort qui sonne à la porte sous forme de la sonnerie du téléphone actionné par un interlocuteur nommé Go.
Emilie Prévosteau, jeune comédienne dont le physique gracile et le timbre de voix semblent prédisposer à l'emploi d'ingénue, campe avec assurance, crédibilité et sensibilité une Marilyn palpitante et d'une luminoseuse candeur, rattrapée par ses fêlures, dans un processus d'offrande qui la conduit au bord du gouffre, victime de ses démons et brûlée par le jeu du désir qu'elle a provoqué.
Scandé par la chanson "One silver dollar " du film "The river of no return" de Otto Preminger dont sont également projetées quelques images, le spectacle est une belle réussite.
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