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Théâtre du Rond-Point  (Paris)  novembre 2013

Feuilleton théâtral de Stefano Massini, mise en scène Arnaud Meunier, avec Jean-Charles Clichet, Philippe Durand, Martin Kipfer, Serge Maggiani, Stéphane Piveteau et René Turquois.

Par son déroulement chronologique et sa linéarité narrative qui s'articulent difficilement avec l'exigence théâtrale relative à la situation dramatique, la saga constitue le registre privilégié de la littérature et du cinéma.

Et cependant Arnaud Meunier porte brillamment sur scène un feuilleton théâtral de Stefano Massini qui relate la saga fictionnalisée des Lehman Brothers, ou l'histoire d'une famille de juifs allemands qui émigre aux Etats-Unis au milieu du 19ème siècle, dont le dernier avatar est d'avoir été une des banques d'investissement responsable de la crise boursière de 2008.

L'intérêt de cette partition réside également dans le fait que non seulement elle érige cette success story en métaphore de l'histoire contemporaine étasunienne mais se confond avec l'histoire du capitalisme avec, à destination du spectateur appartenant au commun des mortels, un vademecum didactique exemplaire qui renvoient à leurs chères études les économistes grands donneurs de leçons se distinguant par leur incapacité récurrente non seulement à anticiper les crises mais à les enrayer, et a fortiori à les solutionner, et qui se gargarisent de commentaires et analyses rétrospectifs.

Cette grandeur et décadence du capitalisme, qui commence dans une échoppe de l'Alabama avec le négoce du coton et finit dans un building de Wall Street avec la crise des subprimes, se décline comme une symphonie en trois mouvements.

Premier mouvement, "Trois frères", ou le triomphe du commerce dans l'eldorado que constitue l'Amérique accueillant les émigrés de la Vieille Europe. Unis par les liens du sang et de la foi, trois frères animés du même esprit d'entreprise et complémentaires dans leur manière de voir - la tête (Philippe Durand), le bras (Jean-Charles Clichet) et "la patate" monsieur bons offices (René Turquois) - font fortune dans le commerce des matières premières notamment en profitant des mannes publiques versées pour le reconstruction du pays suite à la Guerre de Sécession puis pour la construction du chemin de fer transcontinental.

Deuxième mouvement, "Pères et fils" où comment le commerce de l'argent remplace celui des denrées car l'argent-moyen est devenu un produit et un but. La grosse entreprise familiale devenue établissement bancaire se transforme en consortium financier phagocyté par des "partners" sous l'impulsion de la deuxième génération de Lehman qui frères ennemis en pensée trouvent un compromis : la finance (Martin Kipfer) s'acoquine avec la politique (Stéphane Piveteau) ce qui lui permettra de passer le cap du krach de 1929.

Troisième mouvement, "L'Immortel" ou quand le consumérisme devient le credo du 20ème siècle. "Acheter c'est exister" et l'argent répond à l'angoisse existentielle. Le dernier des Lehman (Serge Maggiani), personnage beckettien investi du rôle de super-héros, qui cédera Lehman Brothers aux maîtres de l'illusion que sont les traders, symbolise, à travers les métaphores bibliques de Noé, David et Jonas, les tribulations de l'hégémonie étasunienne.

La réussite de ce spectacle composé de tableaux narratifs dans lesquels sont insérés des scènes de jeu, et toujours en adresse au public, tient, en premier lieu, à la percutance d'une écriture qui sait aller à l'essentiel et à la mise en scène très tenue de Arnaud Meunier qui, avec la collaboration de Charlotte Lagrange pour la dramaturgie, privilégie l'efficacité didactique, presque clinique, à la démonstrativité spectaculaire et l'interprétation à l'incarnation.

D'autre part, à la qualité de cette interprétation avec un excellent sextet masculin composé de comédiens à l'évident talent de conteur, qui maitrisent le texte et dispensent cette leçon d'économie et de théâtre de manière magistrale et sans aucune fausse note.

 

MM         
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Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
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"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
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"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

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"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

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"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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Lecture avec :

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"La sainte paix" de André Marois
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