Quand j'étais jeune, il y avait un bar à Charleville-Mézières qui s’appelait La Route du Rhum. C’était le repère des bikers du coin. Avoir quinze ans et y aller, c’était se retrouver avec des personnes infréquentables et donc totalement attractives, c’était le goôt de l’interdit. On y écoutait la musique forte et c’était souvent du rock.
Obits, groupe Américain, aurait très bien pu faire partie de la playlist qui accompagnait nos descentes de bière. Il faut dire que leur musique couvre la large palette d’un certain rock (garage, punk, surf-punk, garage-punk…) et que leurs deux premiers disques I Blame You et Moody, Standard & Poor (quel titre, mes amis !) ont marqué des points. Si l’on peut trouver des ressemblances avec des groupes comme Hot Snakes, Edsel, Drive like Jehu, Girls against Boys, Television ou The Wipers, ce n'est pas forcément un hasard car, à l'exception des deux derniers, Obits partage des membres avec chacun de ses groupes.
Ce Bed & Bugs commence pied au plancher avec deux titres du meilleur effet : "Taste the Diff" et "Spun Out". Rapidement, on se rend compte, même si le groupe va ensuite baisser légèrement de tempo, que le groupe a décidé de travailler sur de nouvelles structures et sur de nouveaux sons (grâce à une réalisation impeccable), sans se désavouer. Sans être révolutionnaire, Rick Froberg, leader du groupe et musicien sacrément mésestimé, sait trousser des chansons diablement efficaces, interprétation, production et énergie au poil. Les paroles restent comme sur les albums précédents aussi grinçantes, rosses et narquoises. On pardonnera quelques titres plus faiblards ("I’m Closing In", "Operation Bikini" ou "This Must Be Done") et on saluera un disque aussi direct et solide ! |