Entre Bretagne et Inde, son cœur balance mais plus pour longtemps. Puisqu’une passion n’est légitime que si elle est partagée, Marina Dédéyan réunit ses deux amours avec De tempête et d’espoir, nous transportant de Saint-Malo à Pondichéry.
Dans le premier tome, nous avions fait la connaissance de l’intrépide Anne de Montfort, orpheline de parents, destinée au couvent depuis un sacré bail, duquel elle sort (avec le consentement pas vraiment mutuel de la supérieure), pour se lancer dans une folle aventure : retrouver son frère. Parti en Inde voilà quelques temps, il ne donne plus aucune nouvelle. Mieux : Anne l’entend l’appeler à l’aide. Réalité ou fantasme ?
Faisant fi des moults "non mais n’importe quoi ma fille" et des "mais ça va pas la tête ?", elle suit son objectif telle la grande gagnante du concours de la tête de mule la plus mule de chez mule… Si si, carrément. Et elle réussit à embarquer la maligne ! En toute légalité même ! Une sacrée prouesse, mais un tout petit pas dans sa quête.
Nous avions quitté Anne dans les affres du doute, mariée à un homme qu’elle n’aime pas, mais embarquée direction l’Inde avec, pour seul indice, le lieu d’expédition de la dernière lettre de son frère. Un tout petit grain de sable dans le désert. La voilà donc à Pondichéry, où un mince indice la mène à Madras, puis Calcutta, puis Golconde. Elle fait quasiment le tour de l’Inde, rencontre des charlatans et le grand amour, s’émeut de la pauvreté, se soulève contre les inégalités, prend des chemins détournés, s’entoure de fidèles alliés, se méfie des bonimenteurs. Et elle avance, à petits pas, laborieusement, mais elle avance, la trace de son frère se précise à chaque pas, pour s’éloigner presque immédiatement.
Vous, nous, moi, les lecteurs de cette fabuleuse épopée, nous savons qu’Anne ne fait pas tout ça pour rien, que l’appel entendu était bien réel. L’auteure a eu l’ingénieuse idée de glisser des pages du journal de Jean de Montfort (le frère recherché), entre chaque chapitre, nous aidant à reconstituer les bribes de découvertes faites par Anne. Le retrouvera-t-elle ? Je ne vous le dirais pas. Héhé. Lisez le livre, vous le saurez. Vous ne vous ennuierez pas, j’en mettrais ma main à couper au feu.
Ce deuxième tome a de quoi réveiller le patriotisme des bretons, et de l’étaler à la France entière. Est-ce de cette pointe de caillou battue par les embruns que la plupart d’entre nous a tiré sa légendaire combativité, celle qui pousse aussi bien aux révolutions qu’au soulèvement de montagnes ?
Ce deuxième tome rappelle qu’un objectif se travaille un jour après l’autre, un effort après un autre, à petits pas on avance lentement, mais sûrement. Anne serait une sorte d’ambassadrice de l’espoir et de la persévérance face aux retournements de situations et aux imprévus qui ne manquent pas de survenir à point non-nommé.
Anne, ou plutôt Marina Dédéyan, ne perd pas de vue une seule seconde la mission qu’elle s’est donnée, ce qui ne l’empêche pas pour autant de s’arrêter dans la contemplation des paysages indiens, d’apprendre de la culture indienne, de faire preuve de bonté et de bienveillance, et de rester ô combien humaine avec ses coups de mous, quelques caprices et des larmes.
Est-il vraiment besoin d’ajouter quoique ce soit ? Pondichéry est une petite pépite de roman, qu’on dévore en savourant chaque mot, sans même prendre le temps de boire ce chocolat qui refroidit tout seul pendant qu’on tourne les pages avidement. Et toi le barbu là-haut, met-donc ça dans ta besace, ça fera un beau cadeau. |