Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Orage
Théâtre de la Tempête  (Vincennes)  novembre 2013

Comédie dramatique de August Strindberg, mise en scène de Jacques Osinski, avec Gretel Delattre, Jean-Claude Frissung, Michel Kullmann, Alice Le Strat et Baptiste Roussillon.

Jacques Osinski livre avec "Orage" de August Strindberg un travail totalement abouti et maîtrisé non seulement de mise en scène, de direction d'acteur et d'interprétation mais de compréhension et d'intelligence d'un texte - partie émergée d'un abyssal iceberg de mutisme - dont l'économie de mots tend au minimalisme, dont les dialogues sont elliptiques et dont l'essence tient dans le non-dit et le flux de conscience des personnages.

Avec la collaboration de Marie Potonnet pour la dramaturgie, il a fait rendre l'âme à une partition qui synthétise la quintessence de la pensée strindbergienne quant à la violence des relations humaines et l'inexorable guerre des sexes.

Pour cette courte pièce en trois actes, véritable défi dramaturgique, qui selon la volonté de l'auteur évite "les expédients, les sujets faciles, les morceaux de bravoure, les numéros pour vedettes", Jacques Osinski dilate à l'extrême le temps, une dilatation à l'extrême qui frôle la staticité, et travaille sur les silences, des silences qui, comme en musique prolongent la résonance ultime des notes, permettent, en l'espèce, de révéler la cruauté profonde et irréversible tapie derrière les mots prononcés.

Conçue comme la perturbation atmosphérique qui lui donne son titre, et plus précisément un orage sec d'été qui menace mais n'éclatera pas, la pièce est ordonnée autour du personnage central d'un homme à l'automne de sa vie qui réside dans la maison du silence où tout semble figé dans la quiétude et l'immuabilité du quotidien.

Vivant seul avec une jeune servante (Alice Le Strat terrible déclinaison pernicieuse du tyran domestique), il échange parcimonieusement avec son frère venu en villégiature (Michel Kullmann trouble sous ses apparences de monsieur bons offices) et un occupant exerçant le métier de pâtissier (Baptiste Roussillon irradiant d'humanité) en pleine saison des confitures qui lui parle des saisons et des fruits.

A la suite du divorce qui a conclu un mariage tardif avec une femme bien plus jeune, l'enfer de la vie conjugale et une paternité incertaine, l'homme a adopté une ascèse fondée sur le détachement, le renoncement et la réclusion volontaire, substituts à une impossible résilience et au reflux mnésique du passé, érigés en règle monastique devant conduire à "la paix de la vieillesse".

Mais de nouveaux venus perturbent son fragile et pervers équilibre d'autant qu'il s'agit, éventuellement venue déclencher de nouvelles hostilités, de son ex-épouse mal remariée incarnée, et ce peut-être intentionnellement en contrepoint, sans nuances par Gretel Delattre.

Dans un appartement aux larges baies vitrées conçu par Christophe Ouvrard, qui jamais ne s'ouvrent ni ne s'ouvriront sur le monde, cage de verre métaphore de la maison psychique, l'interprétation de Jean-Claude Frissung s'avère d'autant plus magistrale et fascinante qu'il n'impose, ni même ne suggère, une approche monolithique du personnage.

Car il y a du poignant dans le personnage s'il est considéré comme une victime ayant développé une misogynie, voire une misanthropie, réactionnelle de survie mais simultanément il n'appelle pas la compassion car rien de la réalité des faits et de l'intimité conjugale ne sera révélée au spectateur, et son intransigeance radicale n'échappe pas à la suspicion.

La partition de Strindberg, terrible et implacable, ne comporte ni rédemption ni espoir. Jacques Osinski en donne une représentation édifiante soutenue par une interprétation de grande qualité qui ne manquera pas d'interpeller le public.

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=