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Théâtre du Rond-Point  (Paris)  novembre 2013

Comédie dramatique de Éric Reinhardt, mise en scène de Frédéric Fisbach, avec Valérie Blanchon, Anne Consigny, Madalina Constantin, Alexis Fichet, Frédéric Fisbach, D.J. Mendel, Benoît Résillot et Gérard Watkins.

Élisabeth Basilico est DRH dans un groupe industriel détenu par un fond de pension américain. La stratégie du groupe dépend avant tout de la recherche de profits importants au bénéfice des actionnaires.

Alors qu'une négociation débute, qui concerne un plan social avant la liquidation probable d'une des usines du groupe en France, Élisabeth se retrouve tiraillée entre son obligation de loyauté envers son employeur, qui pourtant lui cache des informations sur les projets à court et moyen terme de l'entreprise, et son sens de l'honneur. La capacité des ses pairs au sein de l'entreprise à saboter ses méthodes de négociation pourtant éprouvées feront vaciller ses convictions économiques et politiques, et  au-delà son équilibre personnel.

Pour "Elisabeth ou l'Equité", le texte écrit par Eric Reinhardt, auteur à succès de Cendrillon et du Système Victoria, s'inspire de l'actualité sociale de ces dernières années. On peut, à cet égard, saluer un travail quasi sociologique de Reinhardt.

En effet, toutes les scènes et situations sont plausibles, alors que le monde de l'entreprise est généralement caricaturé par les auteurs de théâtre ou les cinéastes. Un des exemples les plus criants vient de l'ignorance et de l'incompréhension des équipes dirigeantes des groupes étrangers des spécificités françaises du droit du travail.

Cette situation, qui pourrait sembler ne servir que de prétexte à des ressorts tragi-comiques, est pourtant une des difficultés rencontrées par des cadres français au quotidien.

Les acteurs de cette pièce sont tous splendides. Le choix des comédiens et leur direction par le metteur en scène, Frédéric Fisbach, est un sans-faute. Il y a d'abord Anne Consigny qui incarne Élisabeth, cette DRH qui doit conjuguer entre entre force volontariste, calculs politiques et compassion véritable. Son jeu nuancé est un des atouts de la pièce qui lui permet ainsi de ne pas sombrer dans un propos caricatural.

Face à elle, Gérard Watkins s'impose en syndicaliste CGTiste matois, sans axer son jeu uniquement autour de la puissance, mais aussi en appuyant sur les désillusions que rencontre son personnage. Il y a enfin DJ Mendel, qui a joué sous la direction de Hal Hartley à plusieurs reprises, dans le rôle de Peter Dollan.

Le patron du groupe international qui s’apprête à licencier des employés français est certainement le personnage le plus monolithique de la pièce dans ses convictions et sa manière d'agir, DJ Mendel lui donne une énergie toute américaine. Quant à Valérie Blanchon, Madalina Constantin, Alexis Fichet et Benoît Résillot, tous sont solides dans leurs rôles respectifs.

La scénographie de Laurent P. Berger appuie sur l'aspect impersonnel de l'entreprise. Les différentes scènes se déroulent dans des décors dépouillés, meublés de tables et de chaises sans style ni personnalité. Seul le bureau de Dollan, dont les fenêtres permettent d'admirer Manhattan a la vocation de démontrer la toute-puissance du boss, dominateur, lorsque tous les autres lieux de travail sont entièrement interchangeables.

On saluera le sens du détail de Laurent P. Berger qui va jusqu'à insérer des mouvements de nuages dans le ciel de Manhattan dans ses décors. D'autre part, la volonté de ne pas entièrement dissimuler les coulisses et les portants où sont accrochés les différents costumes des acteurs laisse supposer que "Elisabeth ou l'équité" a vocation à décrire un quotidien dans l'entreprise sans en dissimuler les rouages.

La mise en scène de Frédéric Fisbach intègre la langue anglaise, utilisée par Reinhardt comme langue d'échange entre les cadres de l'entreprise, et emploie le surtitrage, dans des caractères d'écriture qui semblent être du Sans sérif ou du Arial afin de souligner la place de l'écrit au sein de l'entreprise. La récurrence des scènes qui montrent des personnages qui entrent dans une salle de réunion et s'assoient autour d'une table accentue la sensation qu'un grand nombre de personnes au sein de l'entreprise sont entièrement interchangeables.

Malgré les aspects réalistes dans l'histoire narrée par Eric Reinhardt, la mise en scène n'échappe pas à certains clichés tels le syndicaliste, forcément moustachu, qui porte un chandail renforcé par des pièces de cuir aux coudes, ou le patron français, Jean-Paul Couvellaire interprété par Benoît Résillot, volontiers libidineux. On regrette aussi une trame narrative attendue dans le durcissement du conflit et les échecs répétés, ou encore quelques scènes moins convaincantes, comme la discussion entre Elisabeth et son mari.

En effet, ceux-ci dès le lever argumentent autour du travail, de ses valeurs et de politique, alors que le cadre parisien, surtout s'il a des enfants, a peu de temps à consacrer à de si hautes considérations lorsqu'il lui faut habiller sa descendance, l'emmener à l’école et traiter en urgence un dossier brûlant dès l'arrivée au bureau après avoir affronté les embouteillages ou le métro. Enfin, quel média s'intéresse encore, ou même s'intéressait encore en 2009, année où se déroule l'action de la pièce, à un suicide au sein d'une entreprise lorsque ce phénomène touche une personne par jour en France?

Avec "Elisabeth ou l'Equité", Eric Reinhardt réussit donc son premier texte théâtral en peignant des personnages qui ont de la personnalité et du caractère, et des situations bien ancrées dans le réel, sans manichéisme. Sa trame narrative souffre néanmoins de rebondissements trop prévisibles.

C'est essentiellement les rouages de l'entreprise, les ordres et contre-ordres des dirigeants, l'absence de remise en question, la méconnaissance du droit ou des spécificités de la législation française par des décisionnaires qui œuvrent depuis l'étranger qui donne à cette pièce une valeur presque documentaire.

Cependant le questionnement d'Elisabeth sur l'équité dans le monde du travail ne surprendra guère quiconque aujourd'hui travaille en entreprise et a à cœur d'effectuer au mieux sa tâche, puisque le principe de Peter semble s'être institué en paradigme des sociétés commerciales depuis plusieurs années.

 

Laurent Coudol         
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