Est-il besoin de répéter à tour de bras que Détroit est un duo, composé de Bertrand Cantat et Pascal Humbert ? Cette information ayant été reprise à l'envie depuis quelques semaines par les divers médias de France, parfois jusqu'à la nausée, alimentée par le compte-goutte des clips et chansons, au fur et à mesure qu'approchait la date de sortie. Bon, maintenant l'album étant sorti et, hasard des livraisons chez mon disquaire, c'est sur une plateforme web dite "légale" que se fera l'écoute, dommage, mais bon.
Tout d'abord, la production est léchée, la voix de Bertrand Cantat est telle que les souvenirs des albums de Noir Désir l'avaient laissée, grave et chaude. Les textes conservent la patte du chanteur, des allitérations et jeux de langage qui lui sont caractéristiques, comme c'est le cas sur le titre d'introduction, "Ma Muse" où le texte joue à plein cette carte. Et puis il y a la voix, cette voix au timbre unique capable de passer du sombre monocorde lorsqu'elle chante "Droit dans le Soleil", à la lumière pour "Le Creux de ta Main".
Et puis il y a Pascal Humbert, ce virtuose de la basse. Celui qui, depuis Passion Fodder et les différents groupes dans lesquels il a posé ses lignes de basse, illumine leur musique de son jeu unique. Il peut aussi bien se faire discret dans ses mélodies, comme il peut être le moteur d'une chanson. Pour s'en rendre compte, il suffit de prêter une oreille attentive aux lignes de basse sur plusieurs titres, pour se rendre compte de l'apport de l'instrumentiste à la construction musicale de Détroit. Des mélodies toutes en rondeurs, riches (voire très riches) le tout apportant aux chansons une densité et une assise, Pascal Humbert est celui dont les racines plongent et créent un ancrage pour l'aérien Bertrand Cantat.
Lors de l'écoute des titres diffusés quelques temps avant la sortie de l'album, l'évidence était là, quelques notes de guitare, la voix posée et tout est là. Il y a peu de choses à jeter dans cet album et les écoutes répétées révèlent des nouveaux éclairages musicaux. Pour cela, une écoute attentive de la reprise de Léo Ferré s'impose. Néanmoins, on retiendra particulièrement "Null and Void", titre époustouflant où l'anglais transforme le timbre de voix de Cantat. "Le Creux de ta main", très proche de Noir Désir époque 666.667 Club. La voix monocorde comme un couvercle de "Horizon", suivi de son explosion retiendra l'attention.
Horizons (avec un "s" pour le titre de l'album) est quelque part le pointillé qui suit Des Visages, Des Figures, le ton musical, les instrumentations font clairement penser à cet univers, avec tout de même une direction plus marquée, le temps et les gens étant différents. |