Il existe dans le milieu musical des constellations divines, regroupements d'artistes/amis dont la production prolifique est comme un atome : des particules gravitant autour d'un noyau.
The Ship est l'un de ces atomes, comparable à Elephant 6 (folk) ou Anticon (hip-hop).
Studio construit et géré par Aaron Espinoza, chanteur et compositeur d'Earlimart, il a vu passer dans son antre feu Elliott Smith et the Folk Implosion. Earlimart est aussi connecté à Grandaddy, Jim Fairchild, guitariste, s'échappant du gang des barbus pour prêter main forte a la prose de Espinoza. Earlimart est d'ailleurs le nom d'une ville de Californie, non loin de Modesto.
D'ailleurs, Earlimart a été sélectionné par Jason Little pour figurer sur sa compilation Artist's choice, Below the Radio (copinage ? A écouter l'album d'Earlimart, on penche plutôt vers une admiration sincère).
Avec deux E.P. en 2003, The Avenues E.P . et Everyone Down Here , Earlimart n'a pas tardé à se faire remarquer comme un groupe prometteur. Et plus encore, leurs prestations scéniques ont époustouflé une certaine Amérique. Leurs origines rock, limite punk, propulsent leurs concerts en de véritables expériences émotionnelles, inimaginables a l'écoute de Treble & Tremble.
L'album pondu par Earlimart, dédié à Elliot Smith dont le décès mystérieux traverse l'album, est une parfaite synthèse entre le folk sombre et la légèreté de Grandaddy.
Par moment déconstruites à la Mojave 3, les chansons de l'album savent aussi se calquer sur un format pop classique.
L'ouverture de "Hold On, Slow Down" , première piste de l'album, au piano simpliste, ne laisse cependant pas entrevoir les accents plus pop de la suite de l'album, avec "1st instant/Last Report" , magnifique chanson, aussi celle qui se rapproche le plus de Smith.
Espinoza explique, sur le site iInternet du groupe, que le piano a transformé sa manière d'écrire permettant la déconstruction des chansons pour une mise à jour plus abrupte des sentiments. La voix de Espinoza est légère, posée délicatement sur la mélodie du piano. Les cordes ne sont jamais trop présentes, évitant une débauche de sentiments.
Au contraire, les chansons sont souvent rythmées par une batterie entraînante ( "Sounds" , "The Hidden Track" ), stimulant les paroles peu enjouées d'Espinoza. L'album évoque principalement la solitude, et par delà l'absence. Incontestablement une des perles de cette fin d'année 2004, Treble and Tremble semble résoudre une équation musicale parfaite, épurée et équilibrée. |