Comédie dramatique de Harold Pinter, mise en scène de Valéry Forestier, avec Benjamin Bernard, Grégory Corre et Fanny Decoust.
Formé par des comédiens formés à l'Ecole Le Samovar centrée sur le travail du clown contemporain et le théâtre burlesque, le Collectif A.A. a choisi, d'appliquer ces registres à un opus pinterien.
En l'occurrence "Hot House", écrite à la fin des années 1950, dans lequel, par la voie de la métaphore, le dramaturge britannique Harold Pinter emprunte au genre du roman d'anticipation et, plus précisément, à la dystopie, pour évoquer le caractère carcéral et pathogène de la société en hybridant le tragique et l'absurde.
Comme toujours chez Pinter, l'ambiguïté et l'ambivalence sont au coeur de la partition, qui commence de manière presque anodine comme un échange professionnel entre le directeur d'une institution médicale et certains membres du personnel.
Mais à la spécialité incertaine de l'établissement qui reçoit des patients invisibles réduits à de simples matricules fait naître un sentiment d'inquiétante étrangeté auquel va s'adjoindre l'angoisse résultant un huis-clos délétère révélant les animosités et les névroses personnelles.
Les parti-pris de la mise en scène assurée par Valéry Forestier et d'interprétation, qui ressortissent essentiellement au théâtre gestuel et visuel et au jeu du clown, et le traitement infligé au texte qui, débité haut et fort de manière logorrhéique sacrifiant sa compréhension et sa significance, le réduit à un simple accessoire de jeu, déconcertent.
D'autant que le dispositif scénique conçu par Arnaud Liégeon constitué par d’un panneau de parois coulissantes percée de trappes derrière lequel officient des personnages érigés en pantins guignolesques, désamorce tout le processus dramaturgique de la partition originale.
Cela étant, abstraction faite de celle-ci, dans son choix assumé, le travail du Collectif A.A. est cohérent et formellement réussi. Sur scène, en clowns tragi-comiques, Fanny Decoust, Benjamin Bernard et Grégory Corre se livrent à un bel exercice de fluence verbale tout en assurant la conséquente logistique de la manipulation d'objets. |