Il est de ces airs entêtants faits pour marquer des instants. Des airs joyeux comme bande-annonce des moments à garder précieusement au creux du cœur. Avec sa pop toute british et sa légèreté toute flegmatique, Twin Apple me semble bien placé pour illustrer les jolies rencontres : After the endless day.
L’équipe aurait pu s’appeler "une fille et quatre types" mais c’était déjà pris, alors les toulonnais ensoleillés s’inspirent des végétables du rayon verdure et consort et choisissent Twin Apple, croquant et pétillant. Ce n’est pas vrai ? Tant pis. Leur nom déjà sonne comme un moment complice, "le vrai se conclut souvent du faux" disait feu Blaise P.
Au commencement, Gabriel, compositeur passionné, avec une telle dose de passion qu’il garde tout sur son disque dur, son plaisir à lui c’est de composer. Il est là aussi facile d’imaginer l’intervention d’un ami-conseiller "mais sors moi ça de là, enfin !". Ce qui fut fait. Et de mélodies pop en arrivées de nouveaux partenaires, voilà le deuxième album After the endless day. Nous y sommes.
Pour les plus gaulois de mes compatriotes, je dirais que cela signifie à peu près "après la fin du dernier jour" ? Je préfère : la clairière au bout du chemin. Mais une traduction est-elle vraiment nécessaire ? Cet album n’en a pas besoin. Chantez-le sous la douche, vous verrez, ça fait un bien fou.
Parce que les mélodies se retiennent comme si elles avaient toujours fait partie de vous. La preuve, j’étais persuadée que j’avais mis un de mes vieux cd sur la platine à la première écoute. Non pas parce que Twin Apple ressemble à un autre, non pas parce qu’il serait un plagiat (ça serait mal l’estimer et lui réserver un bien piètre accueil de le réduire à la copie, ce qui est archi faux et savamment éculé par les professionnels de la critique, je leur laisse cette part… revenons-en à nos moutons…) Twin Apple est frais.
Non. Tu es pénible à la fin. Pas frais comme de l’Apérivrai. Frais comme une petite brise vient souffler dans vos cheveux pendant que vous contemplez l’horizon. Frais comme un éclat de rire au milieu du discours de la Dame. Frais comme une gamelle dans la neige. Frais comme un bouquet de fleurs des champs ramassées au hasard. Frais comme un glaçon dans ta margarita. Et la mienne aussi. Bien sûr.
Twin Apple est unique, inédit et respire comme une bouffée de nostalgie. Ce sont les guitares qui font ça, le mélange des cordes, combinées au piano rythmique et à la basse de Boris, mais aussi au chant coconut de Gabriel. Le chant coconut sert à définir les frenches qui fourchent correctement leur langue pour atteindre l’accent anglais sans postillonner sur leur public (ce qui n’est pas donné à tout le monde, vous en conviendrez).
Bon c’est bien beau tout ça, mais est-ce que je vous ai dit que Twin Apple est léger ? Ensoleillé ? Il a le goût du mojito. Sans la menthe qui lui donne une étrange saveur de dentifrice. Il sent les pâtés de sable en amoureux. Sans les pâtés. Il respire la bonne humeur. Sans la mauvaise. Il transporte. Sans les vapeurs de gasoil. Il est une trop courte demi-heure d’optimisme aux effets secondaires durables et immédiats. Comme quoi, il en reste. Des gens heureux. |