Spectacle musical conçu par Jacques Pessis, mise en scène de Philippe Ogouz, avec Jacques Haurogne, Léa Gabriele et Philippe Ogouz accompagnés au piano par Jacques Plessis.
Pour célébrer l'année du centenaire de la naissance du chanteur Charles Trénet considéré comme le père de la chanson française moderne, Jacques Pessis, journaliste et historien de la chanson française qui fut un de ses proches et auquel il a consacré une biographie, a écrit un vrai et divertissant spectacle de théâtre musical.
En effet, "Radio-Trénet" évite les travers de l'exercice hagiographique et de l'artifice théâtral, d'une part, parce que Charles Trenet s'est également fait connaître grâce à la radio, pour laquelle il avait écrit des slogans publicitaires à l'époque où la publicité s'appelait encore la réclame, où il venait chanter au micro et qui diffusait également ses récitals en direct.
D'autre part, Jacques Pessis a écrit une vraie partition théâtrale, bien évidemment émaillée de chansons judicieusement choisies, qui emprunte au biopic, au tour de chant et à la comédie pour parcourir la carrière du "Swing Troubadour" en résonance avec d'Histoire hexagonale.
Et, de ses fulgurants débuts en 1936 sous le joyeux Front populaire avec les mémorables "Y'a'd'la joie" et "Boum !" à son retour en France au début des années 1950 ("Revoir Paris", "Moi, j'aime le music-hall") après une longue période de tournée nord-américaine en passant par les années sombres de la seconde guerre mondiale où il signe des titres tels "Douce France", quatre décennies musicales s'égrènent au fil d'une petite histoire illustrée de la radio avec ses réclames, ses actualités et ses feuilletons mythiques comme "La famille Duraton".
Dans le décor de Nils Zachariasen qui reconstitue un studio de radio vintage d'une station de radio parisienne généraliste privée inspirée notamment de la vraie Radio-Cité, deux animateurs ne partageant pas les mêmes goûts musicaux s'entendent comme chat et chien.
Face à la délicieuse et pétillante Léa Gabrièle dans le rôle de la jeune journaliste, la pétulante Suzanne, Philippe Ogouz, qui signe la mise en scène enjouée et alerte, campe le speaker de l'ancienne école, le vieux briscard ronchon Jean-Roger Bricard, et livre quelques moments d'anthologie quand il incarne le jeune Sullipan qui amène sa gigolette sur le Yang-Tsé-Kiang ou joue le bébé pour vanter les mérites d'un vermifuge.
Et pour interpréter le "Fou chantant", dans l'évocation et non dans l'imitation, un spécialiste de son répertoire qu'il explore depuis ses débuts sur scène, le comédien-chanteur Jacques Haurogné qui est parfait.
Les accompagnant au piano, les doigts magiques de Roger Pouly, auteur des arrangements, font le reste pour composer un divertissement réussi, qui, en l'espèce, n'est pas antinomique avec une exigence de qualité, et véritable antidote à la morosité.
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