Fin septembre, nous rencontrions le groupe nancéen Hoboken Division après leur concert lors du festival Zikametz, un super festival au passage. Une prestation sauvage dans le cloître des Trinitaires, où le delta blues du groupe, où la slide guitare de Mathieu et la voix très soul de Marie se refletaient sur les vieilles pierres. Une bonne occasion de rencontrer ce duo…
Comment et pourquoi est né Hoboken Division ?
Marie Rieffly : En fait, Mathieu faisait déjà de la musique avec un groupe qui s’appelait Ventilator Blues Band et il cherchait à faire un morceau avec du chant féminin, par hasard il est tombé sur quelque chose que j’avais fait, nous nous sommes rencontré et on a monté un groupe voilà ! C’est plus ou moins ce qui s’est passé !
Mathieu Cazanave : Le Ventilator Blues band était un peu en bout de course et moi j’avais envie de faire autre chose, plus blues, plus jazz et en discutant avec Marie nous nous sommes rendu compte que nous avions à peu près les mêmes accroches musicales. Au départ, nous avons commencé par faire des reprises, écouter la musique qui nous intéressait tous les deux. Le projet de compos est arrivé un peu par hasard puisque nous cherchions des concerts et on nous a proposé une date mais nous devions avoir une majorité de compos. Nous avons donc commencé à composer et en un mois nous avions environ huit morceaux, ce qui nous a vraiment donné envie de rendre le projet viable.
Comment pourriez-vous décrire votre son ? Etes vous d’accord si on parle d’un mélange entre une chanteuse aux racines jazz, soul et un guitariste noise ?
Mathieu : Oui carrément ! Moi j’aime beaucoup tout ce qui est Velvet Underground. J’aime tout ce qui est delta blues aussi, avec les accords en open. Je me suis rendu compte il y a peu de temps que My Bloody Valentine jouait en open. J’aime aussi beaucoup ce groupe, cette façon de jouer de la guitare. C’est assez rigolo de voir que des mecs qui font du shogaze font la même chose quelque part que ceux qui font du blues.
Et toi Marie, tu as un parcours dans le blues ?
Marie : Non pas vraiment, je connaissais les grands classiques mais c’est tout. J’ai plus une formation jazz, mais je suis aussi passée par le lyrique. Ce qui est intéressant avec Hoboken, c’est ce mélange. Les influences plus "sales" que les miennes. J’y ajoute une petite touche peut-être plus sensuelle.
Vos influences ?
Marie : Pas mal de jazz du coup, Nina Simone par exemple, du rock des années 70 aussi, Janis Joplin, tout ce genre de choses. Dans les trucs plus modernes, j’aime bien Santogold, Yeah Yeah Yeahs, même si c’est parfois plus "dancefloor".
Mathieu : Moi j’ai commencé en écoutant le rock indépendant des années 90, les Smashing Pumpkins par exemple mais aussi Pulp Blur. En fait, c’est le Brian Jonestown Massacre qui m’a donné envie de faire de la musique, de monter des groupes. Cela avait l’air super simple en les écoutant ! Après j’ai gratté un peu, je me suis rendu compte qu’il y avait le Velvet Underground, Spacemen 3.
Comment se passe le live ? Vous le travaillez ?
Marie : Oui on le travaille, c’est même ce qui est le plus dur pour moi. C’est dur de trouver le juste milieu entre en faire beaucoup sur scène pour prendre tout l'espace et ne rien faire et avoir l’air tout petit. Donc on bosse beaucoup sur les interactions que nous devons avoir, le rapport au public aussi. Tous ces détails qui sont importants.
Mathieu : On joue beaucoup aussi ce qui nous permet de faire des erreurs et de ces erreurs naissent parfois de belles choses !
Comment vous situez-vous sur la scène Lorraine ?
Mathieu : Nous sommes très potes avec les Dead Stereo Boots et les Dirty Works, peut-être parce que nous envisageons la musique de la même manière, de ne pas bouffer à tous les râteliers, ne pas faire de tremplin où c’est une banque qui se fait de la promo sur le dos des groupes. Nous, on le fait un peu à l’ancienne, des petites tournées parfois dans des squats. Mais nous rencontrons des gens, on partage. C’est là l’essentiel. Mais on s’intéresse aussi aux groupes.
Marie : Et c’est bien que des groupes garages émergent et non plus seulement des groupes pop.
Êtes-vous d’accord si l’on vous rapproche des Detroit Cobras ?
Mathieu : Oh cela fait super plaisir !
Marie : On a beaucoup écouté, et on écoute beaucoup ce groupe. On a commencé en faisant justement des reprises des Detroit Cobras qui font eux-mêmes des reprises ! Nous adorions ça en plus parce que personne ne connaît donc personne ne savait que c’était des reprises ! On nous rapproche également des Kills, à cause du line up, et des influences qui sont communes.
Le choix du remplacement du batteur par une boîte à rythme, c’est pour le côté robotique ?
Marie : Oui oui oui !
Mathieu : En fait, je trouve que les bons batteurs sont super rares. Un bon batteur doit être super musicien, avoir de la retenue, mettre les pèches au bon moment. Après j’aime le côté robotique de la machine. Cela permet aux instruments mélodiques de flotter légèrement. Je n’avais jamais fait cela auparavant mais c’est vraiment intéressant de mettre le groove aux instruments mélodiques. Mais c’est un beau challenge aussi. Et puis avec les contraintes de la boîte à rythme, cela nous permet d’être plus créatifs, notamment en termes de rythmiques.
Marie : En même temps, c’est une de nos originalités.
Le futur ?
Mathieu : Hé bien c’est la sortie de notre vinyle deux titres : "A Night Out", avec une reprise de Skip james : "Devil Got My Woman". Enregistré dans un studio pro à Lièges. Et puis des dates. Dans des pays non francophones surtout, voyager avec notre musique, faire de belles rencontres. Du chaos, des rencontres, de la musique de la joie !
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