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Jon Roberts & Evan Wright  (13E Note Editions)  octobre 2013

700 pages n'est sans doute pas trop pour raconter la vie d'un "desperado" étasunien entendu comme un laissé pour compte du rêve américain.

Mais le desperado est généralement défini comme une personne entraînée dans une spirale destructrice et autodestructrice par une situation perçue comme sans issue qui la conduit à commettre des actes criminels désespérés.

Or, en l'espèce, cet "American Desperado" se nomme Jon Roberts et ne correspond pas au profil sus-décrit.

En effet, non seulement il est un des narcotrafiquants surnommés les "Cocaïne Cowboys" nationalement connus, vedettarisés si besoin était par un film documentaire éponyme réalisé en 2006 par Billy Corben, qui, dans les années 1960-1970, ont inondé de drogue les Etats-Unis des années 70-80 mais, de surcroît, il a résolument et consciemment choisi la voie de la délinquance et du crime.

Certes, il est né dans un milieu peu propice à la droiture morale au coeur du Bronx dans le quartier de la Little Italy où s'est établie sa famille, la famille Riccobono - dont les ascendants siciliens étaient compagnons de voyage de Lucky Luciano sur le Mayflower - et chez qui coulait le sang de la pieuvre. Son père et ses oncles sont des "made men", hommes d'honneur et hommes de main au service de la Mafia.

Après le retour forcé en Europe de son père alors qu'il est encore enfant et avec le bon exemple de sa mère qui refait sa vie hors de ce milieu, il aurait pu suivre le bon chemin emprunté par sa soeur aînée.

Mais mauvais sang ne saurait mentir et l'héritage paternel est double : il a le caractère violent de son père et a intégré les trois grands principes paternels : "Le mal est plus fort que le bien - en cas de doute, choisis le camp du malfaiteur", "Tout est permis à condition de ne pas se faire coincer" et "L'impunité existe même de la part de Dieu".

Ayant le vice et le diable dans la peau, il s'avère plus dangereux encore que son géniteur puisqu'il est un violent psychopathe ("Pour mon père, le mal était un moyen ; le mal, pour moi est une fin : ça me plaisir de faire des saloperies") sans remords ni regret ("Je ne suis pas fier de mon comportement, mais c'est comme ça que j'étais et ce qui est fait est fait") dépourvu d'affect ("Pas un instant je pensai à mes crimes ; ma conception de la vie, c'était prendre l'oseille et m'éclater") doublé d'un sociopathe ("Ce qui me faisait bander, c'était de mettre les autorités américaine en échec").

S'il n'avait été que cela, il n'aurait sans doute pas fait de vieux os (il est mort sexagénaire dans son lit) ou croupirait à perpétuité dans une prison fédérale. Mais il est aussi charmeur, rusé, opportuniste et pragmatique et il sait utiliser tant le système légal américain, notamment judiciaire, que la protection de "la famille" indispensable dans un Etat gangrené par la corruption.

Son idée de génie, au moment où par ailleurs intervient le renouvellement des générations avec la mort des mafieux tutélaires hostiles au trafic de drogue, est de s'orienter vers non pas l'héroïne, "drogue de ghetto" dont les accros étaient "des porcs qui se traînaient comme des zombies" mais la cocaïne car ses "consommateurs appartenaient pour la plupart à la haute" ce qui implique argent et influence sociétale.

Sous titrée "Une vie dans la mafia, le trafic de cocaïne et les services secrets", cette biographie autorisée - et expurgée par l'éditeur américain de certains faits par trop dérangeants - qui flirte avec l'apologie du crime, est symptomatique de l'ambivalence d'un pays fondamentalement puritain qui exalte la droiture et se veut le garant de l'ordre du monde, également au plan moral, et se repait des histoires de criminels en les faisant accéder à une notoriété qui confine au plébiscite ou à la gloire nationale.

Sa présentation, sous la forme courante aux Etats-Unis qui est celle du "dialogue" entre la "personnalité" et un journaliste, que ce dernier, Evan Wright, spécialiste des reportages en immersion, a truffé de précisions informationnelles et de "fausses" interventions de certains des proches de Jon Roberts, et qui sont en réalité des brides d'interviews réalisées séparément, pour donner l'illusion d'une conversation polyphonique et "naturaliste" en fait un bel objet journalistico-documentaire ce qui ajoute autant au malaise suscité par le "sujet" et la distanciation, presque la banalisation, qu'il induit.

Jon Roberts aura quand même passé trois ans en prison ("une farce au regard de mes crimes" indique-t-il avec cynisme) avant de retrouver sa vie opulente. Sans doute cela le rêve américain.

 

MM         
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