Spectacle mis en scène par Jean-Denis Monory d'après la comédie-ballet éponyme de Molière, avec Malo de La Tullaye, Jean-Denis Monory, Camille Metzger, Bastien Ossart, Gudrun Skamletz et Alex Sander Dos Santos et les musiciens Manuel de Grange, Vojtech Semerad et Jennifer Vera.
Après "Le médecin malgré lui" et "Les femmes savantes", la Compagnie La Fabrique à théâtre, qui se consacre à l'exploration et la diffusion du jeu baroque usité au 17ème siècle, revient une fois encore à l'oeuvre de Molière en revisitant "Les Fâcheux".
Pour boutiquer cette pièce de commande initiée par le surintendant Fouquet pour le divertissement royal et composée dans l'urgence, Molière use des ficelles éprouvées que sont la tradition établie des caractères et la mécanique comique de la répétition pour étoffer l'intrigue ascétique basée sur l'argument du contretemps.
Par ailleurs, en liant la comédie avec les arts d’agrément que sont à l'époque la musique et la danse qui caractérisait le divertissement de cour en faisant appel au compositeur Jean-Baptiste Lully et au maître de danse Pierre Beauchamp, il crée le nouveau genre théâtral de la comédie-ballet promis à un bel avenir.
En l'espèce, Eraste, épris de la belle Orphise, tente désespérément de la rencontrer pour faire progresser son entreprise dans le cadre d'une promenade de cour, une entreprise sans cesse interrompue ou différée par l'intervention inopportune de fâcheux.
Ceux-ci inspirés de portraits sur le vif issus de "la noble assemblée" composée de précieuses, de petits marquis et de solliciteurs tous atteints d'une certaine "folie" monomaniaque forment une savoureuse galerie qui vaut peinture de moeurs à visée morale qui contribuera à la renommée de Molière.
Pour la conception et à la mise en scène de ce spectacle, Jean-Denis Monory s'est appuyé sur la structure de la partition dramatique, qui se présente comme une "pièce à scènes détachées", pour ajouter au ballet original qui clôturait chacun de ses trois actes en insérant des intermèdes additionnels entre chaque scène.
Par ailleurs, pour tempérer la staticité inhérente aux codes du jeu baroque, il a procédé, avec la collaboration de Patrick Pezin spécialiste du genre, à une hybridation avec ceux de la commedia dell'arte qui tiennent à l'exubérance et à la fantaisie.
Dans un décor sobre de Luc Boissinot, une toile de fond représentant une allée de parc à la française en perspective, accompagnés par trois musiciens, Manuel de Grange, Vojtech Semerad et Jennifer Vera respectivement à la guitare, au violon et à la flûte et percussion, se déroule donc un spectacle festif mené par une troupe diantrement investie.
Ils ne sont que six - deux comédiens (Malo de La Tullaye et Jean-Denis Monory), deux comédiens-danseurs (Camille Metzger et Bastien Ossart, et deux danseurs-comédiens (Gudrun Skamletz qui assure la chorégraphie et Alex Sander Dos Santos) - avec la participation des musiciens pour camper une trentaine de personnages dont les dix-huit de l'intrigue.
Et, c'est Bastien Ossart, formidable dans le rôle du valet de comédie érigé en incontournable fil rouge, qui se taille la part du lion. |