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Ron Kovic  (Editions 13E Note)  janvier 2014

"Né un 4 juillet" de Ron Kovic, l'homme qui, en 1972, a interpellé Ronald Regan lors de son discours d'investiture à la Convention de Miami, est un des livres autobiographiques qui fait référence outre-Atlantique au rang des témoignages sur la guerre du Vietnam.

Connu en Europe pour avoir été porté à l'écran en 1990 par Oliver Stone dans le cadre de sa trilogie vietnamienne, le récit est exemplaire, et édifiant, sur la génération flouée et sacrifiée au Vietnam au nom de la liberté et de la lutte contre le mal communiste.

Mais surtout sur l'après-guerre de ceux rescapés de l'enfer mais revenus blessés à vie, surnommés "les vétérans", portant les séquelles psychologiques graves auxquelles s'ajoutent pour certains des blessures physiques irréversibles et handicapantes.

Et à cet égard, la photo-choc en couverture de l'édition française, celle poignante d'un vétéran amputé des deux jambes assis atterré sur un canapé recouvert du drapeau "Stars and Stripes", est signifiante.

Né un 4 juillet, l'anniversaire de Ron Kovic, qui coïncide avec la Fête de l'Indépendance et l'emplit d'orgueil, bénéficie de l'allégresse des festivités nationales qui exaltent le courage et la détermination les héros fondateurs de la nation et l'identification, induite de surcroît par une mère qui l'incite au dépassement de soi, fait son oeuvre. Le gamin se croit un destin à leur mesure et joue au soldat en pensant devenir un héros.

A dix-sept ans, l'adolescent naïf et candide n'a jamais quitté sa petite ville natale du fin fond du Wisconsin ni sa famille d'ascendance croate et irlandaise qui lui a inculqué la croyance en deux dieux, Dieu et l'Amérique. Il ne connaît rien de la vie, de la guerre ni de la souffrance.

Il est ébloui par les belles paroles, les formules "magiques" qui caractérisent de manière récurrente la gouvernance étasunienne, celles de l'exhortation patriotique de JFK ("Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays") et ému par les symboles ("Lorsqu'à la fin du film du soir l'hymne américain retentit je me suis levé, empli d'une ferveur patriotique, le dos parcouru de frissons. Main posée sur le coeur, je me suis tenu au garde-vous jusqu'à ce que la neige ait envahi l'écran").

Il s'avère donc une proie facile et une cible idéale pour l'armée, en l'occurrence, les recruteurs des Marines qui passaient dans les lycées pour vanter la gloire d'appartenir à un corps d'élite et de défendre son pays.

Ron Kovic s'engage avec ferveur et part à la guerre "la fleur au fusil" même si le doute s'insinue dès le camp d'instruction. Et sur le terrain, le prestige de l'uniforme, la splendeur de la bannière et la gloire du héros sombrent dans la boue et le sang.

Paralysé à vie par une blessure à la moelle épinière, commence alors une deuxième descente en enfer avec un corps estropié, avec l'inhumanité qui sévit à l'hôpital de campagne comme à l'hôpital des vétérans du Bronx qu'il compare à un camps de concentration, puis avec les désordres neurologiques caractéristiques du syndrome du stress post-traumatique et l'impossible retour à la vie normale à laquelle peut légitimement aspirer un jeune homme de vingt ans.

Ecrites "à chaud" en 1976, pour "laisser une trace", "s'élever au-dessus des ténèbres" et "ouvrir les yeux des Américains", ces mémoires, dans lesquelles la chronologie n'est pas linéaire et le narrateur s'exprime parfois de manière réflexive à la troisième personne du singulier, retracent le parcours qui va l'amener à trouver une raison de vivre et à défendre une nouvelle cause.

Après la déploration de sa "jeunesse profanée" et de son "intégrité physique piétinée", les tentatives ratées de retour à une certaine normalité et l'évitement qui le conduit à la dépression, cet irréductible idéaliste s'engage dans le militantisme pacifiste.

Présomption ou candeur ? Il pense pouvoir mettre fin à la guerre par la seule force de ses discours, convaincu d'être écouté "parce que j'étais vétéran, et infirme par dessus le marché". Il devra déchanter. En 1976 mais aussi après.

"Je suis le mort-vivant, Le mémorial Day dans un fauteuil roulant, Je suis votre Yankee Doodle Dandy, Votre John Wayne de retour au pays, Votre pétard du 4 juillet, Explosant dans la tombe". Ainsi se présente, en exergue, Ron Kovic.

Et comme il l'indique dans la préface écrite en 2005 pour la réédition de "Né un 4 juillet", il continue de croire en sa mission, une mission quasi mystique : "Je suis devenu un messager, un symbole vivant, un homme qui a compris que l'amour et le pardon sont plus puissants que la haine, considérant ses semblables comme ses frères et soeurs".

Incorrigible Ron Kovic, et bien Américain.

 

MM         
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