"Vertes lumières et particules, La vie sur terre est minuscule".
Voilà un disque, un voyage plutôt, qui ne vous laissera pas de marbre. Dans le positif comme le négatif, car Florent Marchet a pris des risques avec ce disque. Des risques tant sur le plan de la musique, que sur sa ligne directrice, voire conceptuelle. Et à notre époque les disques conceptuels font, il faut l’avouer, un peu peur. Il faudra peut-être parfois quelques écoutes pour accepter ce Bambi Galaxy, mais une fois que cela sera fait…
Depuis ses débuts, Florent Marchet a toujours composé sa musique autour d’une idée : l’adieu à l’enfance et le passage à l’âge adulte dans Gargilesse son premier disque sorti en 2004, une ville imaginaire dans Rio Baril en 2007, le monde du travail et ses violences dans Frère Animal ou la bourgeoisie dans l’album Courchevel, sorti en 2010.
Pour ce Bambi (référence à Michael Jackson) Galaxy, Florent Marchet a décidé de parler de la fin d’un monde, de la place de l’homme dans l’univers et de son rapport à la science, de sa quête du bonheur, du futur. L’idée d’un personnage cherchant sa place dans la société, cherchant d’autres propositions de vie. Comme souvent chez Marchet, il est question de lieu, de l’homme, de la vie et de voyage. Ici, c’est un voyage dans l'espace. Idée casse gueule au départ, le space-opéra. Tout comme peut être casse-gueule de parler de science-fiction, de Michel Houellebecq, de nombres premiers, de divagations spatiales et de la théorie des cordes.
Pourtant, Florent Marchet s’en sort brillement grâce à ses talents de compositeur et de fin parolier. Pour retranscrire son univers, son histoire, le musicien est allé voir du côté d’un rétro-futurisme électro pop. Un mélange surprenant entre François de Roubaix, Polnareff, Christophe et une pop électronique aussi bien finement ouvragée qu’absolument décomplexée. Si le voyage peut surprendre, voire décontenancer au départ, ce disque contenant plus d’aspérités que Courchevel son précédent album, il devient rapidement additif. Comment ne pas prendre le départ avec la ligne mélodique totalement synthétique du morceau introductif "Alpha Centauri" ?
Et ce n’est qu’un début, toute la science de l’écriture et l’élégance mélodique de Florent Marchet se dévoilent dans chaque titre, dans les harmonies, les arpèges, dans la moindre ligne de basses. Et puis il ose tout : les chœurs aériens, le presque kitsch, les chansons belles à pleurer, les paillettes, les paroles surréalistes "ho raël mon amour prend moi dans tes bras, la vie ici n’est pas pour moi...", l’introspection futuriste, la boule à facettes, le rêve, la pop symphonique, les accords king size…
Si Florent Marchet est à la recherche de la formule dans le titre éponyme "Bambi Galaxy", je peux vous assurer qu’il a trouvé celle de sa propre alchimie pop. Si la vie déborde à chaque fois, où qu’il soit, la musique déborde également. Un grand monsieur, même en combinaison spatiale. |