Réalisé par Peter Greenaway. Pays Bas/France/Grande Bretagne/Coatie. Biopic. 1h56 (Sortie 5 février 2014). Avec
F. Murray Abraham, Ramsey Nast, Kate Moran, Pippo Delbono et Lisette Malidor.
Qui connaît encore le peintre hollandais Hendrik Goltzius ?
Certainement une poignée d'érotomanes amateurs des gravures licencieuses de cet artiste né dans la deuxième partie du 16ème siècle et, désormais, tous ceux qui verront ce nouveau film de Peter Greenaway encore une fois consacré à un plasticien.
"Goltzius et la Compagnie du Pélican" rappellera par son histoire le film le plus célèbre de Greenaway, "Meurtre dans un jardin anglais". Là aussi, il va s'agir de mettre en scène des œuvres picturales selon une combinatorique érotique aussi sophistiquée que compliquée.
Mais, en trente ans, le cinéma de Peter Greenaway s'est fait plus baroque, plus touffu, plus exubérant. On pourra gloser pour savoir si l'excès d'aujourd'hui produit quelque chose de plus intéressant que la mesure d'hier, on ne pourra pas contester que le résultat sur l'écran est visuellement surprenant : Greenaway a opté définitivement pour une esthétique de l'accumulation.
Dans "Goltzius", tout s'empile, les corps, les images, les mots, les éléments du décor.
Élaborés pour titiller le Margrave d'Alsace, les six récits bibliques qu'avait illustré Goltzius sont reconstitués par des acteurs, ceux de la fameuse "Compagnie du Pélican" dans un enchevêtrement d'éléments hétéroclites, un fatras de corps érotisés ou torturés qui envoûtera ou révulsera, ennuiera ou laissera pantois.
On pourra trouver tout cela bourratif et vain. En tout cas, cela ne peut laisser indifférent.
A l'ère du numérique triomphant et de toutes les possibilités qu'il permet, Peter Greenaway est peut-être le seul avec Jean-Luc Godard et David Lynch à continuer à chercher du sens et du non-sens aux images, à s'amuser aussi à les composer et à les décomposer.
Work in progress baroque et symbolique, "Goltzius et la Compagnie du Pélican" de Peter Greenaway étonne et détonne dans cet univers plan-plan proche du filmage télé qu'est devenu le cinéma du début du vingt-et-unième siècle.
Que Peter Greenaway, génie pour les uns, bricoleur maniéré pour les autres, poursuive ses expériences répétitives ou inutiles, inspirées ou ratées : on manque par trop de visionnaires de son espèce pour lui chercher des noises. |