Spectacle conçu et mis en scène par Pippo Delbono, avec Dolly Albertin, Gianluca Ballarè, Bobò, Pippo Delbono, Ilaria Distante, Simone Goggiano, Mario Intruglio, Nelson Lariccia, Julia Morawietz, Gianni Parenti, Pepe Robledo et Grazia Spinella.
Pippo Delbono c'est l'homme qui danse pour célébrer la vie et défier la mort sur la scène qui est exutoire mystique et station d'un chemin de croix toujours inachevé.
C'est le comédien et le metteur en scène qui fait dire par une comédienne en préambule de "Orchidées", son dernier spectacle en date, qu'il ne veut plus monter de textes classiques ou contemporains, raconter des histoires, interpréter des personnages de fiction et participer au simulacre de la représentation.
C'est le théoricien radical du théâtre de la révolte et de la vie dont la quête vise à "retrouver un théâtre de la vie, de la vérité, et de la révolution" et qui troque le langage au profit de la beauté du geste.
Dès lors chaque spectacle tend davantage à la performance plasticienne avec le théâtre du corps et la présence de la danse - il rappelle toujours sa rencontre déterminante avec la chorégraphe allemande Pina Bausch - une danse bien évidemment dégagée des codes du ballet classique et qui tend à ce que pourrait être la danse primitive de l'homme vivant dans un état de nature rousseauiste, pas de deux ou danse chorale à la Matisse dans la nudité de l'innocence originelle.
Performance multimedia également avec la présence envahissante de l'image, notamment en l'occurrence de la vidéo amateur et du gros plan, et de la musique. Et cependant dans "Orchidées", objet théâtral singulier dans lequel Fellini aurait croisé Chéreau, il y a des bribes de "La cerisaie" de Tchekov et de "Roméo et Juliette" de Shakespeare.
Et Pippo Delbono raconte bien une histoire, certes de manière fragmentée, la sienne dans ce qui ressortit au biodrame, et qui, en l'espèce, est placé sous le signe de la perte de la mère.
Pippo Delbono sera toujours un fils, le fils de cette mère adorée au beau visage avec qui il conversait dans un petit film dans " Dopo la battiglia" et qui est filmée en état de mort imminente filmée sur son lit d'hôpital qui évoque la vidéo "Pas pu saisir la mort" réalisée par l'artiste plasticienne Sophie Calle au moment du décès de sa mère. Images terrifiantes et macabres comme celles diffusées en préambule alors que dépourvues d'êtres humains qui mettent en résonance des animaux taxidermisés très abîmés, surtout des primates, et des mannequins de magasin à la beauté figée.
Dans ce pêle-mêle, il est question, entres autres de l’homophobie, de la dictature de l'abonnement théâtral, de l'interactivité du spectacle créateur de lien social et de partage, de la vison angélique de la richesse et du bonheur du dénuement révélé par un récent voyage en Afrique, du flower power et de la nostalgie de l'idéal révolutionnaire utopique des seventies avec des extraits de chansons psychédélique-pop ou pop folk.
Pas de décor, seule une toile-écran en fond de scène, une scène vide parfois traversée par un membre de la troupe, et Pippo Delbono en régie pour dispenser l'essentiel de la partie textuelle du spectacle, telle une voix off en direct live, et ne cessant des allers-retours avec la scène qui l'attire comme un aimant et à laquelle il ne peut renoncer bien qu'il y soit moins présent.
Et il danse. |