Venir de Suède et faire de la musique vaguement électro sous-entend autant de cliché qu’être français et produire quelque chose de dansant et de se retrouver rattacher à la fameuse French Touch.
Fort heureusement, le duo formant I Break Horses avait réussi avec leur premier album Hearts, paru en 2011, à déjouer les pièges et les clichés, en nous livrant un opus rempli de titres shoegaze sur lesquelles présidaient des guitares résolument rock and roll.
Sur Chiaroscuro, au contraire, les guitares se sont effacées pour laisser plus de place à l’électronique, un brin expérimentale, voire minimaliste et qui voudrait se délimiter entre la lumière et les ténèbres.
Après tout, Chiaroscuro signifie clair/obscur en italien et en tant que tel, l’album se donne pour mission de mettre en place une ambivalence musicale. Et si une collection de spectres peuvent se dissimuler entre les deux couleurs, le duo les ignorent volontairement au profit de productions que l’on sent sombres, certes, mais très rarement lumineuses.
D’ailleurs, cette absence en est presque étouffante et même une piste au nom aussi équivoque que "Faith" s’alourdit de plusieurs couches de sons électroniques. Non que cela soit un réel mal, un titre comme "Denial" réussit largement son office en lévitant entre les ambiances shoegaze et club, mais cela se fait aux dépens d’une véritable originalité.
Pour être plus précis, Maria Lindén, voix du groupe, ne s’accorde que très peu d’espace pour faire évoluer son chant et si cela est en partie imputable au style shoegaze, on peine à ne pas décrocher de ce chant qui, faute d’être lascif, devient lassant.
Album un peu batard, Chiaroscuro lutte pour se définir une véritable identité et se lance dans des expériences hasardeuses, à la façon de "Heart to Know" que l’on devine comme étant une partie dite "claire" de l’album puisque la production semble vouloir mimer une ambiance de cathédrale.
Pour autant, l’instrumentalisation, faute de grandeur (hé oui, on parle de minimalisme), trébuchera justement sur le manque de diversité dans les sons introduits, presque exclusivement électroniques. Pour un groupe que l’on définissait il y a encore un an comme indie-rock, ce nouvel album prend surtout l’apparence d’un fourvoiement. |