Isabeau et les Chercheurs d'or avait sorti son premier album en 2010 au Québec, mais seulement en 2012 en France. Ils se sont désormais rebaptisés Les Chercheurs d'or, d'abord pour insister sur l'aspect groupe de leur démarche, mais aussi parce qu'ils étaient fatigués d'être appelés à tort les Isabeau, d'après le prénom de mademoiselle Valois, leur chanteuse qui s'accompagne au banjo et à la mandoline.

Le nouvel album des cinq musiciens est sorti au Canada en 2013 avant d'être distribué en France en ce début 2014. De quoi rater leurs dates lorsqu'ils viennent en tournée. En ce mois de février, pour la sortie de l'album, ils écument le département de la Manche (50), fief de l'excellent festival "Chauffer dans la noirceur", dont le nom provient lui-même d'une expression québécoise. De passage sur la Dame de Canton à Paris, un soir de déluge à la fin de l'année 2013, un fan n'aura pas hésité à rouler 300 km pour venir les écouter.

Même s'il n'est pas original de dire que "Belle country" est une petite pépite de folk / bluegrass chantée en français, on assumera le jeu de mots facile. En effet, pourquoi bouder son plaisir alors que la production réalisée entre Montréal et Los Angeles est solide, les mélodies entraînantes et que les textes fleurent bon la terre et les grandes étendues. Que ce soit pour l'histoire de "Shirley" accoudée à son bar, ou pour "Allume Donc La Radio" adaptation du gospel "Turn The Radio On", le quintet vient prendre l'auditeur par la main pour lui faire découvrir la Belle Province. On ajoutera aussi que la voix profonde d'Isabeau Valois rappelle à bien des égards celle de Fabienne Thibeault, malgré un physique qui n'a rien à voir avec celui de la diva de Starmania.

Dès qu'on voit la pochette, on pense au Déjà Vu de Crosby, Still, Nash and Young. Puis c'est cette folk aux accents country, aux mélodies souvent sucrées, et enfin l'omniprésence des chants en chœur, qui rappellent ce classique réalisé par les quatre américains en 1974.

Sur scène, le groupe donne toute la sève à ces chansons, qui sont pour certaines des adaptations en français de classiques de l'americana. Le violon, le banjo et la contrebasse donnent rapidement envie de danser le quadrille.

En écoutant leur batteur, on ne s'étonne pas de retrouver le quintet de Québec embarqué dans l'aventure Isn't Nits, l'album hommage aux orfèvres pop d'Amsterdam qui regroupera des chanteurs de toutes nations, dont Françoiz Breut pour la France ou encore Franz Teichler des Young Gods pour la Suisse. En effet, Simon Pelletier-Gilbert a un toucher tout en légèreté et en grâce qui rappelle indubitablement celui de Rob Kloet.

Entre les instruments qui sentent bon le feu de camp, la production de l'album, la voix profonde d'Isabeau et les mélodies qui donnent envie de s'initier au square dance, il y a donc plein d'excellentes raisons de laisser Les Chercheurs d'Or nous emmener en voyage et d'écouter avec attention l'album si vous n'avez pas déjà eu le bonheur de découvrir le groupe sur scène.