Une vitalité débordante
"Don’t wanna be nostalgic for something that never was"
Après trois ans de silence, Joan Wasser, plus connue sous le nom de Joan As Police Woman, vient de publier son quatrième album le 10 mars. The Classic marque une rupture par rapport à sa discographie précédente : les ballades intimes auxquelles elle nous avait habitués s’effacent pour laisser place à une explosion d’énergie et de R&B.
Le penchant mélancolique est la marque identitaire de Joan As Police Woman et il demeure toujours présent dans ce nouvel opus. Après les premières chansons d’un rythme mouvementé et vif, nous arrivons à une partie plus tranquille de l’album. Ici, les personnes qui aimaient le style de "Chemmie" ou "Start of my heart", y trouveront leur compte. La musique semble être reléguée au deuxième plan pour mieux faire ressortir la voix et les paroles. Le chant de Wasser paraît garder en continu la trace d’une douleur, et la teinte soul qu’elle adopte ne fait que renforcer cette impression. Son expressivité marquante retransmet avec force l’intensité des émotions exprimées dans ses morceaux.
Dans "Stay", par exemple, au moment du refrain "why don’t you stay ?" (pourquoi ne restes-tu pas ?), elle monte dans les aigus, prolonge les syllabes et transforme ainsi la chanson en élégie. Tout comme l’éventail de nuances de la voix, les paroles contribuent à donner une sensation d’intimité. Celles de "Get direct" l’illustrent bien : "let’s get direct, let’s get experimental" (soyons directs, soyons expérimentaux). Les brefs moments instrumentaux accompagnent et s’unissent en harmonie avec le flux de paroles : ils deviennent le gage de ce désir de nous laisser entrer dans l’univers privé de la musicienne.
Or, plus que cette continuité, ce que nous retenons véritablement de cet album est le dynamisme qui s’en détache. L’artiste reconnaît "s’être permise faire exactement ce qu’elle voulait" et cet enthousiasme est palpable. Elle reprend des rythmes funk, Motown et R&B qui donnent un élan nouveau à sa musique. Nous pouvons y voir des traces de James Brown ou The Temptations, des chœurs, des cuivres et des rythmes enivrants.
"The classic", titre qui donne le nom à l’album, est la preuve d’un grand optimisme : c’est l’histoire d’un amour idéal. Les instruments sont quasi-totalement remplacés par des chœurs, le rythme est sautillant et les paroles positives : "you threw out all my devils to make room for monumental love" (tu as rejeté tous mes démons pour faire de la place à l’amour monumental). Dans "Shame", nous nous repoussons le pessimisme pour envisager l’avenir : "It’s time, bring the future" (il est temps, apporte le futur). Même si la chanson parle de la honte, elle le fait dans une volonté de dépassement, en ayant recours à l’humour : "I’m not here to be sufferer for the sins of all human kind" (je ne suis pas ici pour être la personne qui souffre pour les pêchés de l’humanité). La musique de The Classic est donc la preuve d’une grande joie de vivre. |