Spectacle musical conçu et interprété par Laurent Conoir et Mehdi Bourayou dans une mise en scène de Renaud Maurin.
Les Demi-Frères, le comédien-chanteur Laurent Conoir et le musicien-chanteur Mehdi Bourayou, reviennent sur scène pour célébrer Claude Nougaro, le chanteur poète à l'écharpe blanche, figure atypique de la chanson française mort en 2004,
Mais il ne faut pas attendre de ce duo formé pour le meilleur et le rire qu'il dispense un momifié et larmoyant hommage commémoratif au petit taureau gascon qui, entre jazz et java, avait le swing et la rime pour viatiques.
Ce qui n'étonnera pas ceux qui connaissent leur sens de l'humour musical qui présidait notamment dans leur précédent spectacle "Stars de l'Histoire depuis la Préhistoire" dans lequel ils avaient au demeurant customisé façon préhistoire le "Nougayork" en "Nougagrotte". "Les Demi-Frères enchantent Nougaro" et annoncent en préambule la couleur en annonçant un périple en forme de "rando Nougaro" pour une ascension du pic Nougaro par la face... sud évidemment, clin d'oeil à la petite taille de ce dernier.
Et les deux "crânes d'oeuf", qui n'ont pas voulu "se prosterner devant la statue du commandeur Nougaro", ne manquent ni de talent ni d'inventivité pour concocter un spectacle musical qui emprunte au cabaret et au music hall pour célébrer le bonheur de faire vivre les chansons de Nougaro.
Le spectacle épatant, mis en scène par Renaud Maurin, alterne moments d'émotion avec des chansons piano-voix, dont l'introductif "Toulouse" mais également d'autres titres emblématiques tels "Bidonville" et "Il faut tourner la page", des numéros de magie malestromiques avec une "décoiffante" et imbibée assistante bavaro-kitsch, la Marie-Christine de " Je suis sous", et des théâtralisations détonantes qui reposent sur le don d'imitation de Laurent Conoir qui n'a d'égal que sa voix, car le bougre en a sous les cordes vocales.
Ainsi, la chanson "Le coq et la pendule" devient une fable de la montagne qui leur évoque les fameuses fables de La Fontaine et incite Laurent Conoir à se livrer à une savoureuse parodie luchinienne. "Armstrong" en forme de mitterandienne homélie papale sur prie-dieu sonorisé et le Barbe Bleue aux poupées Barbie qui sévit dans "L'île de Ré" constituent également de grands moments d'anthologie.
Mais les séquences "iconoclastes", en contrepoint à la figure du poète torturé, ne sont jamais irrévérencieuses.
Rodée au Festival Off d'Avignon 2013, la partition roborative et jubilatoire des trois complices, toujours surprenante car aucun tableau n'est répétitif, a atteint son rythme de croisière et se déroule piano "battant" pour danser sur Nougaro "que la vie soit un feu d'artifice et la mort un feu de paille". |