Plus peut-être que les autres genres, le jazz est d’abord une histoire de rencontres : humaines, musicales, rythmiques ou harmoniques. Ce Fort Greene Story du jeune (27 ans) et talentueux contrebassiste Géraud Portal en est un magnifique exemple.
Ce disque est né alors que le musicien Français résidait à New York, à Fort Greene plus exactement, chez le contrebassiste et compositeur Bill Lee (le père de Spike, pour les cinéphiles). On imagine une maison pleine d’artistes et de musiques. C’est sous l’œil avisé et les oreilles expertes de Lee que naît cet ensemble de jazz avec les autres musiciens qui occupent la maison soit : Ben Solomon au saxophone ténor, Arnold Lee au saxophone soprano, Kush Abadey à la batterie et Etienne Déconfin, l’ami de toujours, au piano.
Si les rencontres forment la jeunesse de Portal - ses séjours à New-York lui permettront d’apprendre aux côtés du contrebassiste William Parker ou du saxophoniste David S Ware, elles modèleront également ce disque inspiré par des moments, des émotions, des images ou des lieux.
En résulte une musique résolument urbaine (New-York et tout ce que la ville véhicule comme imaginaire est omniprésent) où à une rythmique implacable s’associent des mélodies suivant des chemins sinueux, des chorus haletant et nébuleux. On y entend l’ombre de Coltrane (référence largement assumée), un swing explosif, une entente musicale parfaite, surprenant vu le relatif peu de temps qu’ils ont passé ensemble, un groove chaud tout en rondeur et des musiciens où la technique n’est jamais vaine. On y entend un collectif au service de la musique. Il faut être musicien pour comprendre ce genre de connections où l’humain se superpose au musical. En tout cas le résultat est beau. |