La Cinémathèque Française célèbre son fondateur Henri Langlois à l'occasion du centenaire de sa naissance en lui consacrant une exposition dont elle a confié le commissariat à un de ses ex-directeurs.
Dominique Païni, par ailleurs écrivain, critique et commissaire d'exposition, a relevé le défi avec la collaboration de Maroussia Dubreuil, actrice-réalisatrice chercheuse associée à la Cinémathèque Française et Matthieu Orléan chargé des expositions temporaires à ladite cinémathèque.
Un défi car Henri Langlois n'est ni un artiste ni un créateur. Son oeuvre, c'est la Cinémathèque Française co-fondée en 1936 avec Georges Franju. Son talent, c'est sa passion de cinéphile fou furieux.
Prenant le parti de l'évocation subjective, il s'est inspiré du concept malraussien du "musée imaginaire" pour élaborer un parcours kaléidoscopique qui veut exalter ce qu'il nomme "la geste langloisienne" de celui qu'il qualifie de "derviche programmateur". Henri Langlois : "Je pense cinéma, je vois cinéma, mon imagination est cinéma".
Henri Langlois, c'est un homme à la personnalité obsessionnelle et néanmoins complexe dont César trace un portrait diffracté réalisé à partir d'une photographie de Henri Cartier-Bresson qui accueille le visiteur. Il est présenté avec en exergue, et en introduction à l'exposition, un immense photogramme composé d'images de génériques, dont certains fictifs, réalisé par le sculpteur, photographe et vidéaste Henri Foucault, un des artistes contemporains sollicités pour réinventer Langlois.
A noter, sur ce point, les puzzles facétieux intitulés "Reconstruisons Langlois" de
l'artiste-photographe Romaric Tisserand.
De la main de Langlois, il y a ses organigrammes et plans pour un musée du cinéma idéal ainsi que ses cahiers dans lesquels il consignait ses écrits sur le cinéma.
De nombreux extraits de ces cahiers sont publiés à cette occasion sous le titre "Ecrits de cinéma" par les Editions Flammarion dans une réédition enrichie.
L'histoire - et la vie - de l'homme se confond avec celle de l'institution et l'incontournable et nécessaire approche biographique - Henri Langlois est mort en 1977 - revêt la forme d'un ruban chronologique.
A l'instar d'une pellicule qui se déroule, elle déploie les moments clés de quatre décennies consacrées au cinéma qui correspondent aux moments forts de l'institution.
Elle est composée comme un pêle-mêle avec notamment des coupures de presse, des affiches de films et des programmes de projection.
Les salles de projection de la cinémathèque, qui ont migré du 8ème au 12ème arrondissement, de celle originelle de la rue de Messine à
la rue de Bercy en 2005 dans l'immeuble conçu par l'architecte Frank Gehry pour l'American Center, en passant par la rue d'Ulm et le Palais de Chaillot, sont signifiées par les oeuvres d'artistes qui y étaient exposées.
Ainsi la réplique de
"La Danse du pan-pan" de Gino Severini qui décorait l'entrée de la Cinémathèque à Chaillot
et le linteau exécuté en 1957 par Alechinsky.
L'art et notamment les artistes d'avant-garde font partie de l'univers de Henri Langlois féru de correspondances transdisciplinaires et l'exposition comporte une conséquente section picturale composant "Le foyer des artistes" qui fait voisiner Picabia, Matisse (avec les planches de "Jazz"), Chagall, Fernand Léger (et son "Charlot-cubiste"), les "Rotoreliefs" de Duchamp qui dialoguent avec les expérimentations de Hans Richter et de Léopold Survage.
Par ailleurs, et en entrée libre, la Cinémathèque française habille les murs et espaces extérieurs des Docks-Cité de la Mode et du Design pour inviter le public à déambuler dans "La Galaxie Langlois" pour une promenade culturelle et artistique dans l'histoire du cinéma et des arts du 20ème siècle. |