Spectacle conçu et mis en scène par Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, avec Kathryn Hunter, Marcello Magni, Jared McNeill et les musiciens Raphaël Chambouvet et Toshi Tsuchitori.
"Ici, c'est la vallée de l'étonnement" ("The Valley of Astonishment") est une phrase qui décrit l'Homme, extraite de la "Conférence des Oiseaux", un des premiers spectacles monté par Peter Brook aux Bouffes du Nord.
Cette vallée, Peter Brook avait déjà proposé aux spectateurs d'en emprunter les chemins, il y a vingt ans, lorsqu'il avait pour la première fois présenté "L'homme qui". Après cette pièce, tirée du livre "L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau" du neurologue anglais Oliver Sacks, Peter Brook, accompagné de Marie-Hélène Estienne, explore à nouveau les mystères du cerveau humain à travers ses dysfonctionnements.
Dans "The Valley of Astonishment", en anglais surtitré en français, il y a un musicien qui voit les notes en taches de couleurs, un homme atteint de proprioception qui vit dans la terreur de se retrouver brutalement plongé dans le noir car alors il ne maîtrise plus son corps et s'effondre au sol, ou encore un homme qui peint en fonction de chiffres dont il se souvient.
Mais il y a surtout le cas de Sammy Costas, atteinte de synesthésie, douée d'une mémoire prodigieuse mais qui ne peut jamais rien oublier.
Accompagné de quelques respirations musicales par Raphaël Chambouvet au piano et de Toshi Tsuchitori aux percussions, ce spectacle émeut comme rarement.
Sur un plateau dépouillé à l'extrême, les lumières de Phillippe Vialatte explosent en rouge, vert, bleu, et accompagnent les explications scientifiques sur ces dysfonctionnements mentaux.
Écrite à partir de documentations scientifiques et de rencontres avec des patients, cette pièce s'attache d'abord expliquer ces troubles du point de vue du malade et à ouvrir le spectateur à davantage d'empathie
Dirigé élégamment par Peter Brook, les trois acteurs principaux joue une partition qui semble évidente de sincérité et d'humanité. Se glissant dans la peau de plusieurs personnages Jared McNeill et Marcello Magny sont absolument parfaits. Quant à Kathryn Hunter, elle est simplement extraordinaire dans le rôle de Sammy, son corps frêle encombré de souvenirs inutiles, incapable de rien oublier.
"The Valley of Astonishment" est un chef-d'oeuvre, tant dans sa mise en scène inventive, que par l'interprétation de ses acteurs, mais surtout parce qu'elle renvoie chaque spectateur au plus profond de sa compassion et de sa propre humanité. |