Après deux premières sorties ayant suivi les chemins de l’autoproduction, l’ayant diligemment conduit vers un succès bien mérité, Hey EP, lance son interprète sur l’autoroute de la célébrité à toute vitesse.
Publié chez Terrible Records, le troisième EP du rappeur issu des rues de New-York repousse les limites de l’artiste. Plus dynamique et jouissif que jamais, Le1f signifie à certains de ses détracteurs, voulant le cantonner à une scène "queer rap", qu’il ne manque de rien dans son pantalon.
Assumer ouvertement son homosexualité n’empêche pas l’artiste de baser 70% de ses lyrics sur des ego trips, pratique largement diffusée dans les milieux hip-hop, toutes catégories mêlées et de s’en sortir bien mieux qu’une large majorité.
Pour autant, pas de facilité, ni de bla bla larmoyant sur les minorités (qu’elles soient gay ou afro-américaine), mais bien un flow dont l’originalité doit sa force à ses composantes sensuelles, blasées et véloces. Un triumvirat détonnant qui gouverne cet EP de pied en cap et ne laisse que peu de place à l’hésitation. Bref, une efficacité laissant sans voix, voire sans souffle et qui expliquerait le choix des titres des pistes, toutes monosyllabiques : "Hey", "Sup", "Boom", "Wut", "Buzz".
Bout à bout, presque une phrase sensée ou une histoire, et résumant à la perfection l’esprit de chaque chanson. "Boom" et "Wut" s’appliqueront à faire bouger les dance-floor entre deux punch lines et loops vocales déchaînées, quand "Sup" marquera la seule faiblesse de l’opus avec une recherche dans les mélodies trop éloignées des autres productions.
Cet écart mis de côté, la plupart des sons répondent à des formes mathématiques, largement imputables aux rythmiques électroniques. Véritable charpentier fantasque, l’EP pose des cadres variés au sein desquels s’entrechoquent des clins d’yeux aux grands classiques ("Buzz"), et une notion du son dépassant largement les limites du milieu rap. Mouvement fédérateur et réussissant à dépoussiérer le genre, remerciez Le1f et souhaitez la bienvenue au rap pour l’année 2014. Il était temps. |