Réalisé par Steven Brill. Etats-Unis. Comédie. 1h35 (Sortie le 21 mai 2014). Avec Elizabeth Banks, James Marsden, Gillian Jacobs et Sarah Wright
Si l'on aime les films turcs de trois heures et demie primés à Cannes, on n'a pas le droit de faire la moue devant une petite comédie américaine gentillette d'à peine une heure trente. Surtout quand en tête de distribution, il y a une blonde volcanique en jupe Marc Jacobs jaune.
Dans "Walk of Shame", bêtement mal traduit en "Blackout Total", Elizabeth Banks rejoint à quarante ans le panthéon des grandes fausses blondes hollywoodiennes. Elle y entre avec ses hauts talons et sa manière inoubliable de courir la nuit dans les rues chaudes du Los Angeles le moins hollywoodien.
Meghan Miles, présentatrice des infos sur une chaîne d'infos continues, doit rejoindre les studios de sa télé, mais, à la suite de circonstances qu'on aura la joie de découvrir dans "Blackout Total", elle s'est retrouvée, seule, au bout de la nuit, sans rien d'autre qu'une jupe à rendre fou le loup de Tex Avery, dans les quartiers déshérités de Los Angeles.
On imagine vite tout ce qui va s'en suivre de quiproquos, et les apparences étant trompeuses - ce que cette blonde étalon finira in fine par dénoncer - on ne verra en elle qu'une "pétasse en robe jaune".
Film niais sur la tolérance, bien meilleur sur le même sujet - quoi qu'en pense la critique officielle - que Martin Scorsese et son "After Hours", "Blackout Total" décrit le long parcours "christique" d'une jolie femme qui pourra plus compter pour s'en sortir sur les dealers de crack ahuris que sur les pré-ados vicieux à vélo.
Bien loin des films de Judd Apatow et des comédies de Ben Stiller, refusant mordicus le trash et la provoc qui parsèment leurs œuvres, Steven Brill tente le pari insensé de faire quand même rire. Il s'appuie donc sur des "infra-gags" qui ramèneront les plus anciens aux films d'avant les années soixante-dix.
Il faut quand même oser faire un film rigolo sur une blonde en cavale poursuivie par la terre macho entière sans aucun "fuck" et sans - sauf subrepticement - évocation des gâteries buccales et des figures de style anales.
Ni scabreux, ni graveleux, "Blackout Total" est un film amusant qui ne risque pas d'attirer l'ire de "l'office catholique" ni la sympathie des Inrocks. Peut-être même assiste-t-on ici à une première "désescalade" en matière de comédie potache qui devrait permettre au genre de retrouver les chemins des studios Disney. On rie moins gras, certes, mais ce rire allégé n'en est que meilleur.
"Blackout Total" de Steven Brill s'avère donc bien une contre-programmation idéale pour les gavés de Cannes. |