I Love You But I’ve Chosen Darkness. Comme le groupe new wave culte américain, Marc Desse a été plus attiré par l’obscurité que par sa "Fiancée" (une bombe de single) durant la composition de son premier album. Des mois de nuits blanches pour une Nuit Noire qui tombe au crépuscule de l’été.
Avec cette sortie, le label Bordeaux Rock s’offre une Black Session en guise de dixième anniversaire. La collaboration s’inscrit d’ailleurs comme une suite logique pour l’éditeur de la compilation du festival girondin le French Pop d’octobre 2013 : Aline, La Femme, Lescop, Mustang… et Marc Desse ("Vidéo Club"). Un échange de bons procédés avec celui qui, le 4 mai dernier à Villejuif, faisait Passer le périph’ et vivre une chouette journée à 450 oiseaux de nuit… qu’on n’imaginait pas faire une ballade sonore en banlieue et se réunir autour d’un barbecue sous le soleil de midi.
Loin de nourrir de noirs desseins, Marc y ouvrait la porte de la salle associative où il répète pour braquer à son tour les projecteurs sur ses amis (Aline et Mustang, décidément, Alex Rossi, aussi) et jeunes talents (Jo Wedin, Otomne) de la nouvelle vague pop tricolore. Une idée lumineuse qui reflète la capacité de ce jeune homme moderne à se surpasser et à sublimer son art.
Avec ce disque, il trouve le moyen d’exorciser une période douloureuse, tout en conférant au pop-rock in french profondeur et majesté. Chaude et sauvage, la nuit de Marc Desse est constellée d’étoiles d’une galaxie située à des années-lumière plus lointaines que les 80’s. Chant magnétique, battements intenses, charge électrique, son univers happe, tel un trou noir, bien d’autres courants alternatifs.
Tout au long de ces dix chansons qui n’en font qu’une (un quasi album-concept), l’auteur-compositeur-interprète qui cite Apollinaire en note de pochette, se joue des références du rock sombre et romantique hexagonal : l’urgence (sans la violence) de Daniel Darc et de Taxi Girl ("Henri et Elsa"), l’immédiateté pop du Serge Gainsbourg des 60’s et d’Étienne Daho ("Un Instant Heureux", le final Diskönoir de "Tes Larmes"), le charisme et L’imprudence d’Alain Bashung ("Oh Babe"), "Le Beau Bizarre" de Christophe ("Chanson pour Olive"). Un pied outre-atlantique (celui du batteur David Graw, issu de la scène punk de Detroit), il enveloppe ses mélopées du son puissant et vénéneux du Velvet Underground (le titre éponyme) et de Weezer, qu’il humanise avec la chaleur des Feelies ("Faits d’Hiver", "Giverny", "Plus Louche que Toi").
La Nuit Noire de Marc Desse est agitée de rêves-éveillés qui exaltent notre désir ardent d’un rock français à nouveau fiévreux. I love you but I’ve chosen Marc Desse. |