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CNSAD  (Paris)  juin 2014

Comédie dramatique d'après des oeuvres de Beaumarchais et Heiner Müller, mise en scène de Sandy Ouvrier, avec Alice Berge, Emmanuel Besnault, Candice Bouchet, Margaux Chatelier, Jade Fortineau, Julien Frison, Loulou Hanssen, Camille Jacoulet, Julie Julien, Maxime Le Gac Olanié, Loïc Mobihan, Raphaël Naasz, Pablo Pauly, Antoine Prud'homme de la Boussinière, Roxane Roux, Paul Toucang, Charles Van De Vyver et Ana Sofia Da Silva Lopez.

Une partie des élèves de première année inscrite dans la classe d'interprétation de Sandy Ouvrier ont travaillé sur deux partitions traversée par les fulgurances de l'amour : "Le mariage de Figaro" de Beaumarchais et "Quartett" de l'auteur allemand Heiner Müller

Sous le titre "De la folle journée à la nuit des corps", Sandy Ouvrier a apparié le premier - sous forme d'évocation - et le troisième - traités en exercices - en deux parties néanmoins distinctes qui sont de véritables petits bijoux d'intelligence et de subtilité dispensés de manière étourdissante dans une scénographie sans débauche de moyens - un lit, un banc, des cimaises en paravent, qui se révèle aussi inventive qu'enthousiasmante.

A titre liminaire, il y a lieu de constater que la promotion 2016 échappe au formatage qui semblait résulter de la sélection ayant présidé à certaines promotions antérieures du CNSAD dans lesquelles la quasi totalité des filles ressemblait à l'archétype physique de la jeune première, gracile aux longs cheveux blond-chatain clair et à la voix blanche, et pour la gent masculine prédominait le brun ténébreux à la Louis Garrel avec, par exception, quelques jeunes premiers romantiques à la blonde toison, au point qu'ils étaient quasiment interchangeables.

Rien de tel pour ces élèves de première année aux physiques, et donc aux emplois même si ce terme n'est plus en odeur de sainteté, différents voire atypiques dont les timbres de voix variés et bien placés ainsi qu'un tempérament affirmé, pour ce est perceptible personnalité en raison de la proximité de l'espace de jeu de la salle Louis Jouvet, constituent les dénominateurs communs.

Ce qui est réjouissant pour le spectateur et permet d'apprécier les différents niveaux de lecture d'un rôle.

Ainsi, en l'espèce, dans "Le mariage de Figaro", s'agissant de Suzanne, la première camériste de la comtesse et fiancée de Figaro, campée par la plantureuse, terrienne et déterminée Candice Bouchet se rapproche de la servante moliéresque qui dicte sa loi à un Figaro délicat (Paolo Pauly) alors que celle de Margaux Chatelier tend vers la suivante de Marivaux et joue de la séduction envers un Figaro tout aussi jeune premier (Paul Toucang qui sera également un délicieux Chérubin).

Camille Jacoulet fait office de Suzanne maternelle (elle sera superbe d'émotion contenue dans la tirade de Marceline sur le sort des femmes de petite condition dans une société libertine qui de surcroît pratiquait encore le droit de cuissage) alors que Roxane Roux lui apporte une ironie retorse.

Il en va de même pour les autres personnages : Julie Julien est une comtesse sensuelle alors que celle de Loulou Hanssen est juvénile. Maxime Le Gac Olanié apporte une touche précieuse et décadente au comte alors que Emmanuel Esnault est, fut-il pas moins libertin, un noble rigide et intraitable.

Sous titré "La folle journée", le jour du mariage de Figaro, valet du comte Almaviva, qui commence par une folle farandole festive sur un extrait des "Quatre saisons" de Vivaldi au cours de laquelle tous les jeunes comédiens se délestent de brassées de fleurs, de symboliques marguerites blanches, qui viennent joncher le sol pour le transformer en jardin estival plein de fraîcheur, est cependant placé sous le signe des contrariétés et des tentations avortées.

Le comte poursuit de ses assiduités la future mariée et la comtesse est troublée par les charmes du page Chérubin. Jalousie, soupçon d'adultère, vertu compromise et revendications "identitaires" sont au programme de cette comédie galante émaillée de satire et d'intrigues et forte d'une critique socio-politique et d'une analyse "féministe" de la condition féminine.

Scandée par des intermèdes de musique baroque avec des extraits de "Orphée et Eurydice" de Gluck, opéra qui a inspiré un de ses ballets majeurs à Pina Bausch à laquelle Sandy Ouvrier emprunte la mythique robe de satin fluide pour en revêtir toutes les comédiennes, et une touche ibérique avec des opus du duo Rodrigo y Gabriela, portée par un superbe travail d'approfondissement et interprétée avec ferveur par tous les comédiens dans la plénitude la jeunesse en adéquation avec la partition, cette "évocation" du "Mariage de Figaro" est magique.

Après la galanterie solaire, la deuxième partie placée sous le signe de "La nuit des corps" aborde le libertinage lunaire avec une suite de scènes extraites de "Quartett" de Heiner Müller constitué par un travail d’écriture-réécriture effectué sur "Les liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos afin, dixit l'auteur, de "dégager la structure des relations entre les sexes, de les montrer telles qu’elles me semblent vraies, et de détruire les clichés, les refoulements".

Variation sur le désir et le vide, la partition en forme de guerre des sexes et de duel amoureux sans quartier des deux protagonistes que sont le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil qui fantasment sur un anéantissement anthropophagique réciproque régit l'affrontement dans le cadre de leur petit théâtre intime obsessionnel et destructeur, où ils sont les acteurs de tous les différents rôles, ceux de leurs victimes inclus, procédant non seulement à une confusion des rôles mais également à une confusion des genres.

Là encore les choix scénographiques de Sandy Ouvrier sont excellents et la gestion de l'espace de jeu en bifrontal maîtrisée.

En prologue la reprise par Bernard Cantat de l'emblématique "Avec le temps" de Léo Ferré introduit le rendez-vous "post-festum" des vieux amants. La première scène est sidérante et époustouflante et le choix des deux élèves est particulièrement judicieux en termes tant d'emploi que de caractère.

Attablé devant sa table de toilette un libertin camoufle l'outrage des ans. Il se plâtre le visage, se farde les lèvres et le masque apparaît, terrifiant, filmé en gros plan vidéo. Le vicomte de Valmont a rendez-vous avec la marquise de Merteuil.

Celle-ci, impériale maîtresse-femme et femme maîtresse habillée en costume d'homme s'assoit devant l'écran et ouvre les hostilités. Maxime Le Gac Olanié, physique de dandy, et Candice Bouchet, plantureuse à la voix vénéneuse, sont parfaits. Fin du round par KO du "mâle". Place au jeu de rôles pour un revival mortifère.

Trois scènes suivront avec pour intermèdes un registre musical contemporain rock et electro puisant dans le registre de Birdy Nam Nam, Radiohead et Sebastian. Ambiance d'époque 18ème siècle pour la confrontation Julie Julien incarnant une Mme de Merteuil/Valmont carnassière et Charles Van de Vyver Valmont/ Madame de Tourvel est tout aussi sanguinaire.

Costume new fetish pour Loulou Hanssen qui va dominer sa rivale qui a les traits de Antoine de Prud'homme de la Boussinière dans le rôle de l'agneau sacrificiel. Les liaisons dangereuses deviennent mortelles et l'issue fatale, après une dernière estocade menée à la seule lueur des bougies par Alice Berger contre Loïc Mohiban conduit au monologue "Mort d'une putain" dit par Roxane Roux.

Du beau travail et de sérieuses potentialités. A suivre donc.

 

MM         
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