Réalisé par Michael Tully. Etats-Unis. Comédie. 1h32 (Sortie le 16 juillet 2014). Avec Marcello Conte, Lea Thompson, John Hannah et Susan Sarandon.

Il faut être sacrément gonflé pour faire comme si le cinéma pour ados n'avait pas connu les années "American Pie" et que les frères Farrelly et Judd Apatow n'avaient jamais existé.

C'est pourtant ce que s'entête à faire Michael Tully dans un film volontairement décevant, pour ne pas dire consternant.

Comment peut-on faire rêver en projetant ses personnages au milieu des années 1980, période qui n'a rien pour faire fantasmer les jeunes d'aujourd'hui et permettre de créer une nostalgie genre "American Graffiti" ? Comment imaginer qu'ils puissent s'identifier à ce temps où l'achat d'un survêtement neuf transfigurait un garçon de 15 ans et où le hip-hop en était à ses balbutiements ?

Si le cinéma de Tully peut se trouver des références, elles sont à chercher du côté de John Waters, sauf qu'il laisse au vestiaire son côté scato et son côté provoc pour qu'il n'y ait plus sur l'écran que de la (vraie) gentillesse face à de la (feinte) méchanceté.

On sera donc en présence de l'éternelle famille de petits-bourgeois américains - mais pour une fois pleine d'amour et dont la ploucasserie touchera plus qu'elle n'amusera - qui passe ses vacances à Ocean City dans le Maryland.

Comme le titre du film l'indique à la fois faussement et vraiment, ces vacances seront sous le signe du tennis de table et Radford Miracle verra son juvénile destin s'illuminer grâce aux caprices d'une petite balle.

Si l'on pratique le ping et le pong, on trouvera que cette partie qui constitue le clou du film n'en vaut pas un, puisqu'aucun des protagonistes ne tient correctement sa raquette et que pas un ne possède la gamme des coups qu'on apprend dans un club, fût-il le plus mauvais du monde.

Dans "Ping Pong Summer", le ping-pong c'est vraiment du cinéma. Mais c'est aussi ce qui fait le charme étrange de ce film improbable que l'on n'ose d'abord recommander qu'à demi-mot et puis, au bout d'une hésitation qui coûtera au moins un neurone, qu'on avouera avoir aimé justement parce qu'il ne ressemble à rien.

Cul-de-sac cinématographique ou film annonciateur de temps nouveaux, il s'inscrit tout près d'un autre objet bizarre, "Computer Chess" d'Andrew Bujalski, à qui on a, cette année, déjà tressé de sacrés louanges. On pense aussi aux films lunaires interprétés par le grand Michael Cera, comme "Be Bad" et "Scott Pilgrim".

Bref, curieux ne pas s'abstenir. Surtout ceux qui n'en croiront pas leurs yeux quand ils verront Susan Sarandon et son gros poisson.

"Ping Pong Summer" de Michael Tully est un film pour cascadeurs de la pellicule. Ils s'y ennuieront comme s'ils lisaient un traité d'horticulture ou ils dégusteront plusieurs fois de suite, et goulument, cette sucrerie pour diabétiques. Un vrai film culte, donc.