Lecture théâtrale conçue et interprétée par Flore Lefebvre des Noëttes.
La comédienne Flore Lefebvre des Noëttes a écrit une partition autofictionnelle et cathartique qui relate quelques épisodes d'une histoire familiale singulière et borderline qui demeurent encore vifs et douloureux dans la mémoire de l'officiante bien qu'elle soit commentée, sinon déchiffrée, par l'adulte d'aujourd'hui.
Elle se double, par ailleurs, d'une satire de la moyenne bourgeoisie des années 1960 dans ses travers les plus caractéristiques et détestables, dont ceux qui ont trait à la situation sociale et à l'argent.
Ainsi la mère de famille qui s'assure les services d'une bonne n'a aucun scrupules à semer des ardoises auprès des commerçants, vivant largement à crédit, et à voyager "aux frais de la princesse" avec sa famille nombreuse, sans payer les billets.
Cette mère, ce n'est pas la figure compassionnelle et aimante de la "mater dolorosa" mais "la mate", la mater qui mate, figure monstrueuse et effrayante, la matrice forte de grossesses à répétition, qui mène à la baguette une marmaille forte de dix unités constituant sa "meute".
Nonne "défroquée" pour raisons de santé, cette catholique rigoriste reconvertit l'amour pour le divin époux en amour prosaïque pour un homme médecin-militaire et bipolaire, autre figure monstrueuse, victime de délires maniaco-dépressifs qui entraînent des internements à répétition.
Dans cet environnement psychotique, les enfants survivent sous l'égide trinitaire de la peur, du mépris et de la haine pour leurs géniteurs ce qui ne les empêchent pas de se gaver de crêpes pendant les vacances bretonnes.
Avec une scansion atypique qui évoque celle de Jean-Quentin Chatelain, Flore Lefebvre des Noëttes livre un récit burlesque aux accents tragi-comiques qui parfois fait froid dans le dos.
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