Depuis 2012, le nom de Young & Sick flotte légèrement sur les lèvres des initiés de New York à Los Angeles en passant discrètement par les milieux underground du vieux continent. D’abord connus pour ses créations visuels ornant les pochettes d’album de nombreux artistes, tout autant que pour les t-shirts aux designs pointus et cartoonesques qu’il avait élaboré pour Urban Outfitters, Nick Van Hofwegen a sorti son premier album en avril dernier.
Prolongeant la ligne qu’il avait initiée avec des titres tels que "Glass" ou "Heartache Fetish", l’album éponyme Young & Sick aligne une expérience musicale chère à l’air du temps. Comprendre que l’artiste d’origine hollandaise mêle – lui aussi – la musique R’n’B à l’électronique, érigeant un peu plus ce phénomène générationnel vers la banalité de l’époque.
Pourtant, être dans le Zeitgeist ne signifie pas que l’homme fait preuve de manque originalité. Avec un spectre musical s’étiolant depuis les synthés des années 80, jusqu’à l’électronique exacerbée de notre époque, Van Hofwegen s’applique à mettre en place des paysages musicaux romantiques et presque intemporels.
Et y ajoutant une dose de sonorité R’n’B, son projet finit par prendre un aspect fantasmagorique, quasi-insaisissable et qui n’est pas sans évoquer les aventures sonores d’un Autre Ne Veut ou d’un How To Dress Well. A la différence près que Y&S peut se prévaloir d’une poésie nostalgique fortement ancrée dans les années 90’s et de refrains accessibles et entêtants.
Si des titres comme "Valium" ou "Heartache Fetish" sont les témoins ingénus d’une génération partagée entre romance et réseaux sociaux, la dichotomie musicale de chaque titre assure à l’album un côté plus joyeux et léger.
"Glass", pour exemple, se construit lentement autour de la voix doucement modulée de Nick et d’un rythme électronique redondant, mais décomplexé. Un pendant léger aux titres aux inspirations plus groovy, presque soul dans la veine de "Twentysomething" ou "Mangrove" et marquant l’album du sceau de la pluralité.
Plus qu’un énième artiste à reprendre les codes musicaux de notre époque, Y&S affiche une aisance stylistique qui finit par le démarquer des autres chantres du genre. Faire du neuf avec du vieux, la recette ne date pas d’hier, mais force est de constater que cela fait encore mouche. |