Liza Marlund est suédoise, le pays où les enseignants ne traumatisent pas les pauvres petits écoliers par leurs propositions de redoublement sarcastiques… A moins que ce soit la Finlande ? Peu importe, Liza Marklund est originaire du Nord de l’Europe, entre la patrie du Père Noël et nos fantasmes démocratiques.
Journaliste et jeune écrivain puisque son premier roman est sorti en 2000 et a été traduit en une vingtaine de langues, Liza Marklund s’est inspiré de sa propre vie de chroniqueuse judiciaire pour créer le personnage d’Annika Bengzton la reporter (= journaliste qui se mouille les fesses, donc plus prestigieux, et plus risqué qu’un Superman qui pige derrière son bureau). Ce personnage a inspiré une série et un téléfilm, salué par la critique, puisque surfant sur la vague de Stieg Larsen, l’auteur scandinave trop génial (moi ? J’ai détesté… chacun ses goûts).
Le dernier opus de la série est là, sous vos yeux : Le testament de Nobel. Et il s’annonce torridement suspensique. Non, je ne cracherai pas sur les séries américaines, ni sur leurs scénarii haletants. Lisa Marklund divise, d’un côté ceux qui lui trouvent un caractère inédit et de l’autre ceux qui la rangent dans un panier tressé déjà bien bondé.
Puisqu’il faut se prononcer, j’en suis, de ceux du panier tressé : "encore une journaliste qui résout une enquête mieux qu’un enquêteur de métier et qui plus est bête de surcroît (la police, pas la journaliste)". Liza Marklund prend par là fermement position du côté des féministes qui allient le rôle de femme, de mère et d’épouse, et de journaliste à deux doigts du Pulitzer. Et elle fait d’Annika Bengzton une super-woman tiraillée entre ses enfants à élever, sa quête de vérité et son couple en plein délitement… Elle passe donc pas mal de temps à se lamenter pour une femme déterminée.
L’histoire accroche pourtant dès les premières lignes : la légende urbaine Le Chaton, une tueuse impitoyable (et terriblement douée), tue la présidente du comité Nobel juste sous les yeux d’une bonne centaine de douzaines d’invités lors du banquet organisé pour la remise des prix, mieux : sous les yeux d’Annika Bengzton.
Passés les premiers émois, Annika se frotte les mains en se voyant sujet ET scoop dans le même article, l’exclusivité pour son journal… une véritable aubaine. Mais pas de bol, forcée de signer une clause de confidentialité, elle est contrainte au mutisme. Voilà donc ce qui la ronge du début à la fin du roman. Priver un journaliste d’écrire, c’est comme faire sécher une grenouille : ça la tue. Ceci explique cela : voilà pourquoi elle se lamente autant.
"Encore une journaliste qui résout une enquête mieux qu’un enquêteur de métier et qui plus est bête de surcroît (la police, pas la journaliste)" ? Oui, parce que la police grince un peu, hésite à fouiner là où elle risque de s’y bruler les pattes. Mais surtout parce qu’Annika Bengzton n’a que ça à faire : trouver la vérité. Pourquoi cet assassinat ? Pourquoi la forcer à se taire ? Pourquoi lui donner des congés forcés ? Pourquoi se désintéresser de son cas ? Pourquoi étouffer l’affaire ? Pourquoi ces autres meurtres ont un lien ?
Autant de questions qui trouveront une réponse au fil des pages, rien d’inattendu, à part les indices tirés du chapeau (comme dans les séries américaines…), pas vraiment surprenant, mais promptement divertissant. |