Avec la complicité de Boris Bergman, Rod Barthet livre ici son dernier album, quatrième du nom Les filles à l’écoute. Français, enregistré entre blues et rock, voyons voir.

Ce qui est déjà écrit : c’est que sa reprise de "Gaby oh Gaby" d’un certain Alain Bashung qu’on ne présente plus, vaut le détour à elle toute seule. Ce qui n’est pas faux, loin de là. Il a la voix, pas comme Bashung, comme un musicos du diable, ni criard, ni exagérément grave, juste comme il faut. Parfaitement bien. Continuons.

La légende lui attribue une place de choix lors d’un concert de Deep Purple à l’âge de trois ans. Les dernières études scientifiques (pour justifier le ramollissement des cerveaux) ont prouvé l’infinitésimale partie des souvenirs enregistrés avant 7 ans. Disons donc que Deep Purple a pris la place d’un traumatisme de l’enfance, et qu’il a poussé Rod Barthet dans les bras de la première guitare venue.

Les pincements de cordes l’ont démangé assez tôt semble-t-il, puisqu’il gratouille et s’indigne comme il se doit à ses heures perdues, mais il passe son bac d’abord, et finit dans l’école de musique de Nancy, qui le mène droit vers San Fransisco, la ville avec le pont rouge et les tramways qui escaladent les rues. Californie, toujours beau, toujours chaud, l’endroit idéal pour draguer avec une guitare.

Rod Barthet n’y perd pas son temps en bronzette et bikini, il s’entoure de passionnés comme lui et fait parler de lui en compagnie de John Lee Hooker (mais si vous connaissez, essayez "Shake it baby", vous allez voir ce que vous allez voir !). Bref, des jolies rencontres provoquées par un hasard complice ou une bonne étoile vigilante, qui font un bien joli parcours à Rod Barthet.

Les filles à l’écoute, revenons-y. Il y a les guitares évidentes, les douces caressées au plumeau, les swingantes pincées, les accrocheuses griffées, la mélodieuse du premier plan et la discrète de l’ambiance, une petite batterie pour lier le tout et le tour est joué : un doux blues teinté de rock sentimental. Ajoutez à ça le ton de Rod Barthet, une voix sans exagération, sans fioriture ni trémolos à tout-va, juste une belle voix, point barre… et sa belle gueule. Les filles sont clairement à l’écoute.

Quant aux thèmes des paroles, pas de portrait ni d’engagement politique, encore moins de dénonciation ou de protestation. De la musique pour la musique, pour draguer, pour les enfants, pour faire la fête, pour remercier, pour honorer… ça fait du bien, ça repose, ça détend et ça offre du rêve.